L’autoédition et le trait de désunion

Je viens d’acheter mon premier livre numérique. Bien sûr, j’en avais lu plusieurs — je lis presque exclusivement ainsi, à présent. Et comme je compte bien tenter ma petite expérience en autoédition (je vous en parlerai bientôt), j’ai tenté le coup avec «L’Incroyable Guide de l’Auto-Publication en Numérique» par un certain Jiminy Panoz.

Ne vous dérangez pas. À part un seul conseil, tout le contenu peut aisément être déniché ici et là avec une heure de recherche sur le web (je le sais, je l’ai fait). Bien sûr, le livre contient quelques conseils judicieux, comme de ne pas négliger la présentation de son livre et de soigner son français. Hélas, Panoz ne prêche pas par l’exemple. Entre les points de ponctuation seuls au début d’une ligne et les césures à des endroits fantaisistes, il y a des erreurs de présentation sur chaque page. Sans parler du français approximatif et de quelques fautes ici et là. J’aurais dû m’en douter, ceci dit: il a écrit «auto-publication». Avec un trait d’union. Juste sur la couverture. Parfois, il écrit «auto publication» en deux mots. Je crois que ça parle de l’édition dans son auto, une pratique qui semble bien dangereuse.

Le trait de désunion

On écrit bien sûr «autoédition» en un seul mot. Je le sais, j’ai cherché dans le dictionnaire. Il y en a de très bon, comme ici, , ou le Larousse de ce côté.

D’ailleurs, le dictionnaire, ça va un moment. Le simple bon sens marche aussi. «Auto» est un préfixe. Quand on forme un nouveau mot à partir d’un autre en lui ajoutant un préfixe, on n’ajoute pas de trait d’union. Écrit-on «auto-mobile»? «Auto-matique»? «Auto-crate»? Le trait d’union sert dans les mots composés, comme «auto-tamponneuse».

Et le type qui étale tout un livre là dessus se dit écrivain. Les mots sont sa matière première. Normalement, il devrait les aimer... Ici, parle-t-on de maltraitance ou de simple négligence? Peu importe.On a affaire à quelqu’un qui se fiche de la langue, au point de ne pas savoir ce qui compose le mot. Il se croit au-dessus de ça, peut-être. Il n’est pas le seul. Le trait d’union est une épidémie, une pandémie, le blason de tout ceux qui se croient aptes à écrire des histoires et qui ne sont pas fichu de composer une phrase.

Le prochain que je vous se balader avec son trait d’union...

Pas difficile de comprendre pourquoi les auteurs autoédités ne sont pas pris au sérieux. Comment un type peut-il se prétendre écrivain, au point de vouloir conseiller les autres, s’il n’aime pas la langue? C’est sa matière première, son seul lien avec son lecteur, son arme unique. Un cinéaste peut négliger le montage, se passer de bande sonore, voire laisser ses acteurs improviser sans les diriger, ça donnera toujours un film. Un écrivain sans les mots, c’est le silence, la blancheur, le vide.

Dans certains cas, ça n’est pas plus mal.

Mise à jour

Si, comme moi, vous n’avez pas la grammaire infuse et que, comme moi, vous aimez apprendre plutôt que vous refermer sur vous-même comme une huître, voici deux sources à ce sujet, qui vont beaucoup plus loin que mon coup de gueule.

Pour les aspects plus techniques, il y a un récent (et court) article sur l’orthographe d’autoédition ici.

Un autre article, plus complet, ici.

Et bonne route à tous les magiciens du mot.

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