Les Vampires sont-ils vraiment maudits?
«C'est au niveau du sujet que le bât blesse. Vous êtes conscient j'espère que vous ne vous êtes pas facilité la vie avec une histoire de vampire. Comprenez bien qu'aucun thème, aucun sujet fantastique ou SF n'est interdit de séjour dans la revue, mais il y en a qui ont tellement été explorés...»
Depuis que j’essaie de me faire publier, je reçois un refus à environ chaque deux tentatives. Rien que de très normal, certainement pas de quoi paniquer. Les textes ne meurent pas quand ils ne sont pas publiés, il y a toujours moyen de les passer ailleurs. D’ailleurs, j’ai soumis le même texte à un concours après quelques modifications mineures. C’est dire que je crois qu’un texte refusé pour une simple publication peut toujours gagner un concours. Autre contexte, autre résultat. J’ai eu beaucoup de chance avec les concours. Je n’en ai jamais gagné un seul, mais j’ai toujours obtenu quelque chose dans le processus, ne serais-ce qu’une publication. Paradoxalement, un texte qui finit deuxième ou troisième dans un concours est toujours publié, alors que ce même texte soumis par voie normale a une chance sur deux d’être refusé.
Revenons à nos vampires
Environ le tiers de ma production fantastique est à propos des vampires. Cela concerne, hélas, le roman sur lequel je travaille. Encore hélas, il s’agit d’une série. Et je sens bien une réticence qui vient du plafond. Il y a une sorte de passage obligé dans l’édition fantastique au Québec, et ce passage semble avoir une dent contre les vampires. Je veux bien admettre que les vampires sont le thème le plus galvaudé de la littérature fantastique, mais il y a peut-être une raison à cela. À sa face même, le vampire est un sujet fascinant, aux angles d’approche multiples. Il a servi de sujet à certains des best sellers les plus importants du genre — c’est si évident qu’il est absolument inutile de donner des exemples.
Qui a peur du grand méchant vampire?
Un bon éditeur, c’est ma conviction, aime la littérature. Il n’y a rien de mal à vouloir faire la promotion d’une littérature originale, loin des clichés.
Mais il y a un danger réel de verser dans le péché inverse. De se fermer les yeux dès qu’un gros mot apparaît. On peut appeler cela de la timidité; ou du snobisme.
Cela peut amener à des situation un peu absurdes, où on écrit une histoire de vampire, mais on remplace le gros mot par un autre, comme «succube». Cela reste une histoire de vampires, avec tous les lieux communs, mais on essaie de faire illusion. Je crois que c’est triste.
Voir les vampires sous un jour nouveau?
Je l’ai dit, le refus ne m’a pas bouleversé, mais je ne peux pas m’empêcher de me gratter la tête à propos de la raison suggérée. Mon texte n’était pas l’histoire de vampires mille fois lue, la séduction d’un crétin insignifiant ou le type qui découvre que sa voisine est un vampire. Le terme «vampire» n’y est même pas écrit une fois. Et jamais, au grand jamais, on ne peut décider si les vampires existent ou si le narrateur débloque. Moi-même, je n’en suis pas certain.
Mon roman tente aussi d’apporter un jour nouveau. Dans un futur proche, une sorte de guerre secrète oppose vampires et mortels. La guerre tourne à l’avantage des premier grâce à une séries d’épidémies et de catastrophes écologiques, ainsi qu’une crise économique majeure. Émerge alors une nouvelle Inquisition, implacable, dirigée du haut jusque en bas par des vampires. Ce n’est pas Twilight, ce n’est pas Lost Soul ni Interview With the Vampire.
Publier un roman de vampires: un chemin de croix?
C’est sans doute un brin prétentieux, mais j’adore ma prémice, j’adore mes personnages et je crois que mon histoire peut être passionnante. Mais, paradoxalement, je crois que j’aurais plus de chance de la publier si on pouvait lui coller l’étiquette «Bitlit», ou si elle se déroulait dans une polyvalente. Oui, je doute absolument de la valeur de l’argument.
Il y a une raison pour laquelle les vampires pullulent.
Il y a un public pour les histoires de vampires.
Il n’y a aucune offre sérieuse pour ce lectorat. Ces lecteurs sont obligés d’acheter leurs romans à l’étranger, parmi les traductions, et de fouiller dans la fange de la Bitlit sans trouver chaussure à leur pieds. C’est mon cas. Je voudrais de bons romans de vampires, et je n’en connais aucun qui ait été écrit après 1990. Et je serais prêt à bénir l’éditeur qui aura le courage de me présenter un livre sur les vampires, sans fausse honte et sans se laisser bêtement attirer par les modes.
Commentaires
Je n’y suis pour rien, c’est (peut-être) la faute à Blogger. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une méchanceté de modérateur, repostez si vous repassez par ici, votre opinion m’intéresse.
Désolé.