Publication en magazine littéraire : une résolution facile à tenir

Je ne suis pas un «suiveux», comme on dit en bon québécois. Par exemple, je n’ai jamais pensé que les résolutions n’étaient que pour le jour de l’an. Je suis un type pratique: les résolutions se prennent quand c’est utile, et le jour de l’an est essentiellement un bon prétexte pour prendre un coup.

C’était au mois de mai, je crois, après le dernier congrès Boréal, que j’ai pris la résolution de toujours avoir trois textes soumis auprès de différents comités de lecture. C’est une bonne résolution, et une qui n’est pas particulièrement difficile à tenir.

Les magazine littéraires, les fanzines, tout ça, ça tient debout à l’huile de coude, ça prend des talents et des bonnes volontés, et surtout du temps. Quand on regarde ça de l’extérieur, que l’on voit toujours les mêmes noms, numéro après numéro, et que l’on constate combien il faut de temps pour que son petit texte à soi soit lu, il y a de quoi se décourager, se dire que ça se règle entre amis, entre planqués, que c’est un système fermé d’écrivaillons qui s’entre-congratulent. Ben c’est pas vrai. Pas totalement.

L’enfer d’où je suis issu

Je ne me souviens plus bien à qui ou pourquoi, mais j’ai expliqué, dans ce Boréal, pourquoi je n’avais plus tenté de publier en revue pendant près de quinze ans (ce qui est très très vilain). Mes deux derniers textes avant L’Horloge Vivante avaient pris cinq ans avant d’être publiés. C’est long. Dans le cas des Patriotes, Moebius l’avait fait sans même m’envoyer d’accusé réception. Un beau jour, mes parents m’ont appelé pour me dire que j’avais reçu mes exemplaires gratuits, et c’était tout.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne faut jamais soumettre la même nouvelle à plus d’une revue à la fois: il y a un risque non négligeable que la nouvelle soit publiée à deux endroits à la fois sans même que l’on vous avertisse. Et ça, les différentes publications le prennent très, très mal. Un responsable de XYZ m’avait cité une écrivaine à qui s’était arrivé. La pauvre ne sera plus jamais publiée en revue, et ne saura sans doute jamais pourquoi.

Une résolution facile à tenir, vous dis-je

Les gens de Solaris se sont étonnés des délais énormes. Je dois dire que, après mon unique expérience avec eux, ils font preuve d’un professionalisme sans commune mesure avec Moebius. J’ai au moins eu droit à la révision littéraire (c’est le cas de le dire) et linguistique (non, une revue ne devrait pas corriger le français à votre place et publier sans vous demander votre avis). Et les réponses arrivent vite. Parfois.

La dernière a été envoyée en août. Cinq mois donc. L’accusé-réception me promettait une réponse en trois mois. Pas encore de quoi s’arracher les doigts à force de se ronger les ongles, mais cinq mois quand même. Presque la moitié d’une année. Chez Brin d’Éternité, on me promettait deux quatre mois. En mai.

Je n’écris pas pour me plaindre. Ces gens là travaillent dur, ce n’est pas payant (du tout) et il y a une masse de prétentieux comme moi qui pensent que leur prose est digne d’intérêt et à qui il faut donner leur chance. Simplement, si vous êtes un de ces prétentieux, il ne faut pas vous décourager. Quoi qu’ils en disent, c’est long. Et, oui, il y en a pour qui c’est plus rapide — essentiellement ceux qui ont mis l’épaule à la roue et qui ont trimé afin que les gens comme nous puissent attendre leur réponse, plutôt que de ne rien publier du tout.

Si vous avez une résolution à prendre en attendant, c’est de toujours avoir trois textes (différents) proposés à des magazines littéraires en même temps. Croyez-moi, ce n’est pas si difficile.

Commentaires

Petite correction : c'est un délai de 4 mois qui était annoncé chez Brins d'éternité, pas deux.

Ça ne change pas qu'il y a eu un très gros retard, dont je suis le très principal responsable. Désolé pour cela.
Philippe Roy a dit…
En effet, ma mémoire m’a joué un tour. J corrige dès que je sors du bureau... C’est promis ;)

Ceci dit, j’insiste: ce n’est pas une critique. J’hésite toujours beaucoup avant de critiquer les bénévoles. C’est davantage un avertissement pour les débutants (et je crois qu’ils sont nombreux) qui hésitent à soumettre leur travail. Il ne faut pas se décourager, malgré les retards (et les refus, mais c’est une autre histoire).

Je crois que plusieurs débutants négligent la nouvelle (qui est pourtant le meilleur champ pour l’expérimentation) ou encore se découragent trop vite et publient directement sur leur blogue. Je le dis à tous mes amis pressés: je ne lis jamais une histoire dans un blogue (et ce n’est pas faute d’avoir essayé).

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