Force et vitesse des vampires — Superman a la dent longue

Ernst Stöhr, Vampir, 1899

Ceci est le cinquième billet d’une série sur les forces et les faiblesses des vampires. Les articles précédents traitaient du soleil et de vampires, du sang et de l’alimentation des vampires, des métamorphoses chez les vampires, et de la réaction des vampires face aux symboles religieux.

Les vampires ont été cuisinés à toutes les sauces, et on les trouve aujourd’hui sous toutes sortes de formes. Ils peuvent être d’une ingénue gentillesse ou d’une cruauté sadique, beaux comme des dieux ou monstrueux, décadents ou puceaux.

Peu de traits communs, donc, à tous les vampires. Excepté un seul.

Que je sache, les vampires ont tous une force et une rapidité supérieures à celles des mortels.

Ceci dit, entre le vampire à peine amélioré à la Buffy et le joueur de ligue étoile de Twilight, il y a de la marge.

Plus rapide que l’œil

La série «True Blood», que j’adore, et «Smallville», que j’adore beaucoup moins, se ressemblent au moins sur un point. À tout es épisode, il y a un gus qui court tellement vite qu’on ne voit plus qu’une sorte de grand trait embrouillé qui traverse un paysage où les feuilles s’agitent dans le vent. Plus vite qu’une voiture et (probablement) plus vite qu’une balle.

True Blood n’est pas une exception à ce niveau. Dans «Interview With the Vampire», Louis explique qu’il peut bouger si vite que l’œil n’arrive pas à suivre ses mouvements — et il est le vampire le plus minable de ce monde.

Ce genre de prouesses extrêmes est certainement pratiques pour un vampire. Il lui permet entre autres le coup classique du «je courrais derrière toi, mais — surprise! — me voici devant». Il est moins utile pour ceux qui l’entourent, comme ses proies, ou tout simplement son auteur.

Car je ne peux pas m’empêcher de trouver cette rapidité... trop rapide. Bien sûr, elle peut être très pratique quand le vampire est surtout un héros qui doit arriver au dernier instant pour sauver sa belle. Moi, qui ne suis pas trop du genre romance héroïque, je trouve surtout ça risqué.

Il y a bien sûr le risque du cliché. De telles vitesses ne peuvent se décrire qu’avec un vocabulaire restreint. Puis le risque du ridicule; donnons l’exemple, au hasard, d’une partie de baseball jouée par des vampires. Enfin, cela pose des soucis de cohérence. Pourquoi un vampire qui se déplace à la vitesse de la pensée se déplacerait-il autrement? Le vampire qui roule en auto sport alors qu’il pourrait la dépasser à pieds comme si elle était arrêtée, ça ne me rentre pas dans le crâne. À quel rythme les chaussures sont elles usées à cette allure? Sans blague, en ne sortant acheter les chaussures que la nuit, ils doivent avoir un cordonnier privé, ou alors faire leurs provisions l’hivers, quand le soleil se couche très tôt.

La force de cent hommes

Les auteurs pris de la folie des grandeurs quant à la vitesse tombent généralement dans les même travers concernant la force. Les vampires peuvent alors sans mal tordre des barres d’acier. Moi qui n’ai pas grandi loin de la ferme, je peux vous le dire: une barre d’acier d’un pouce de diamètre retient facilement toute la charge d’un tracteur. Une toute petite chaine peut facilement retenir un chargement de trente tonnes. Briser de l’acier de ses mains est tout à fait superflu pour procurer à un vampire la force surhumaine que la tradition lui attribue.

Quelle est l’utilité de conférer la force de Superman à une créature de la nuit?

Le Cycle des Bergers

Ne me fatiguez pas avec les vampires

Depuis le temps que je cuisine mes vampires, j’ai plusieurs fois remises les choses à plat.

Les gens sont fascinés par les vampires. Leur immortalité, leur force, leur pouvoir de séduction. On leur envie leur immunité aux maladies. On ne peut imaginer un vampire avec des démangeaisons, ou une envie pressante.

Une bonne partie de ces pouvoirs enviés sont simplement les pouvoirs des personnages normaux. Eux non plus n’ont pas de démangeaisons et ne vont jamais au toilettes. Ils peuvent tomber malade, bien sûr, mais n’attrapent à peu près jamais de rhume. Dans un film, quand quelqu’un tousse, il est condamné.

En ce qui me concerne, une bonne partie des pouvoirs merveilleux des vampires réside dans ces points communs avec les personnages en général, dans cette zone si rarement décrite des inconvénients généraux de la vie. En premier lieu, la fatigue.

Un mort-vivant peut-il être fatigué? À priori non. On n’imagine pas un zombie essoufflé, un vampire transpirant et arrêtant sa course, un point au côté. Qu’est-ce que cela implique, cette absence de la simple fatigue physique?

Quiconque a déjà eu l’occasion de se battre un peu, même comme hobby, imagine déjà l’avantage. Une pluie de coups initerrompues; le regard clair, sans les flots de sueur qui viennent obstruer la vue; les mains qui restent hautes, même après plusieurs minutes; et si par aventure un coup adverse arrivait à vous trouver le plexus, pas de sentiment de détresse en sentant l’air trahir ses poumons. Juste ça. Tout ça. Sans force surhumaine, sans vitesse particulière, juste avec cette absence de fatigue, un vampire est presque impossible à battre en combat singulier.

La course maintenant. Imaginez un coureur de marathon qui tiendrait son allure maximale de sprint tout le long d’une course et la terminerait frais comme une rose. Simplement avec ce genre d’endurance, courir d’une ville à l’autre devient envisageable. Un vampire à vélo (peut-on imaginer un truc pareil?) bouclerait le tour de France dans la moitié du temps — il pourrait traverser un continent.

Et la force? Imaginez-vous soulever la plus grosse charge dont vous êtes capable. Quelle différence cela ferait-il si vous pouviez la tenir indéfiniment, la reposer et la resoulever sans arrêt, aussi longtemps que vous le voulez? Ça rendrait certainement les déménagements plus faciles.

Je ne me souviens pas avoir lu un seul endroit où cette libération de la simple fatigue était un trait des vampires. Pourtant elle change tout. Je crois que c’est simplement parce que les auteurs ne fatiguent pas souvent leurs personnages.

Et malgré tout?

Malgré tout, il n’y a pas de mal à donner un petit coup de pouce à ses vampires, avec un surplus de force et de vitesses surnaturelles.

Comme le reste des pouvoirs (et des faiblesses) de mes vampires, la force et la rapidité tendent à croître avec l’âge. Ainsi Rodrigue, le personnage le plus ancien du roman avec presque deux mille ans, est d’une force inconcevable, parvenant à briser la pierre d’une caresse des doigts. Le personnage principal, Michel, est à peine plus fort qu’il ne l’était mortel. Ce n’est pas mathématique cepedant. Maxime par exemple est plus fort que sa mère (et amante) Judith, parce qu’il a passé ses quatre siècles d’existence à combattre, alors que sa mère a beaucoup étudié.

Si je n’hésite pas à donner à certains de mes personnage une force peu commune, je suis plus conservateur avec la rapidité. Qu’elle reste simplement l’avantage de membres plus forts. Cela donnera un avantage à ceux qui parviennent à compléter la métamorphose animale.

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