A Game of Thrones : un roman palpitant, vivant, somptueux


Deux choses m’ont amenées à lire «A Game of Thrones». D’abord, j’ai acheté, pour ses grandes qualités, le jeu de société «A Game of Throne», inspiré par la série de romans «A Song of Fire and Ice», et ma curiosité a été piquée. Mais lorsque j’ai vu la bande annonce affriolante de la série que HBO consacre au roman, je me suis résolu à lire le roman, avec des attentes très élevées.


C’est peu dire que ces attentes n’ont pas été déçues.

D’abord, l’histoire, riche à souhait, autant par son univers que par ses rebondissements, a tout pour me plaire. Les enjeux sont énormes, écrasants, sans pour autant que l’auteur tombe dans le piège avide de nous mettre en face d’une enième Apocalypse aux mains des orques, des gobelins ou des hommes lézards. Il s’agit d’une intrigue d’hommes, dans un monde douloureusement proche du nôtre, d’où la magie est presque absente. Ce ne pas une histoire pour le fan-club des elfes en collant rose, et cela ne signifie certainement pas que la grandeur est absente de ce roman, bien au contraire. Les personnages, attachants ou détestables, ne sont pas invulnérables. La magie existe, cependant, et l’auteur a le bon sens de nos le rappeler dès le prologue. Face aux menaces surnaturelles, les héros sont aussi démunis que vous et moi, car ils n’ont ni mage ni paladin pour établir l’équilibre. La menace pèse lourdement sur le royaume, pendant que les puissants l’ignorent pour jouer leurs pitoyables parties de pouvoir.

L’écriture ensuite, rapide, précise, imagée, qui foisonne de détails sans jamais ralentir. Les amateurs de fantasy aiment l’évasion, et le roman leur en donne. Des cités fantastiques y sont présentées dans les moindres détails, et les châteaux y ont tous leur histoire. C’est là le grand tout de force de George R.R. Martin: nous livrer une quantité phénoménale de détails, sans nous encombrer, nous ennuyer ou nous endormir. Sur ce plan, A Game of Thrones dépasse même les maîtres du genre.
Un défaut? Pas vraiment. Disons une abondance exagérée d’une certaine qualité. L’histoire est si rapide et les retournements de situations si nombreux que la lecture devient étourdissante, et le suspense fait parfois mal. Les attentes (naturelles) du lecteur sont constamment déjouées par des événements nouveaux. Un défaut, vraiment? Non, pas vraiment; sauf que ça ressemble douloureusement à une recette: un retournement de situation par chapitre sur mille page, on empoche la monnaie et on passe au livre suivant. J’en ai un peu marre des recettes du succès appliquées à ce point.

Mais, puisqu’il s’agit, et de très loin, du meilleur roman de fantasy que j’ai lu (oui, j’ai lu «Le Seigneur des Anneaux»), je ne saurais dire que c’est très grave. Il serait dommage de bouder son plaisir, et je me jette séance tenante sur la suite.

Mise à jour

Je me sens un peu coupable. D’une part, parce que j’ai lu les multiples suites de l’extraordinaire livre qu’est Game of Thrones, et d’autre aprt parce que cette page est une des plus populaires de ce blogue. Alors je prends la peine de vous glisser un petit avertissement.

Ce roman a le défaut de n’être que le premier tome d’une longue série de très longs livres. Il ne contient pas lui-même de conclusion satisfaisante. Les autres livres de la série ne sont pas du tout au niveau du premier. Mais pas du tout. Terminé l’action, les retournement s de situation, les batailles... Tou n’est que longues errances sans buts, hésitations, défaites et misère, sur de longues pages pleines de détails superflus et de personnages dont on se fout éperduement. On en vient à douter que l’auteur connaît lui même la conclusion, ou même s’il y en aura une une jour.

Quand à la série, elle ne tient pas ses promesses. Je croyais qu’elle me montrarait ce que je n’ai pas pu voir, me présenterait ces lieux magiques, ces villes fantastiques, ses batailles épiques... Rien de tout ça. Ce n'est qu’un grossier résumé du roman, avec des personnages réduits à une seule dimension. Tout l’aspect décors est réduit à quelques plaques de matte painting constament rutilisées et pas nécessairement extraordinaire. Les batailles? Vaut mieux ne pas y compter. C’est à peine si on y voit les Dire Wolf.

Est-ce que j’aurais lu cet extraordinaire roman si j’avais su? Sans doute pas. Je ne vous le recommande pas non plus. Au lieu de lire cet écroulement tragique, j’aurais pu lire neuf livres de taille normale.

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