tag:blogger.com,1999:blog-334335772024-02-20T15:14:53.567-05:00Les Chemins obscursLe blogue officiel de Philippe Roy, écrivain et graphistePhilippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.comBlogger177125tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-51070731880523522792020-03-01T12:38:00.001-05:002020-03-01T12:41:07.992-05:00Il y a eu une petite apocalypse<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY1a5zhusdOzYTiNWQvPXTfnCHQaoseCSGW5P9ocCpZjfDgy03YQsD8mXX50ZQAv7ZIpCrqwo8_qWv5jsmTHIwhCGWKw_ZqhIDpvMqgKdxzCE6nx3n8_0I4IvtQN8icCNXVa5D/s1600/apocalypse-4399214_1920.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1066" data-original-width="1600" height="425" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY1a5zhusdOzYTiNWQvPXTfnCHQaoseCSGW5P9ocCpZjfDgy03YQsD8mXX50ZQAv7ZIpCrqwo8_qWv5jsmTHIwhCGWKw_ZqhIDpvMqgKdxzCE6nx3n8_0I4IvtQN8icCNXVa5D/s640/apocalypse-4399214_1920.jpg" width="640" /></a></div>
J’ai décidé de faire un peu de ménage dans mes banques de données Wordpress. En conséquence, mon blogue a été irrémédiablement détruit. De manière temporaire, j’ai donc décidé de rééditer ce blogue sur Blogger.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
C’est bien entendu très dommage. Ce sont plusieurs années de référencement qui sont perdues, plusieurs articles en cours de révision qui sont éliminés. C’est aussi beaucoup de travail perdu, et des revenus qui ne rentreront pas.<br />
J’ignore jusqu’à quel point ce déménagement sera permanent. J’ai dans mes cartons la création d’un blogue consacré à mes activités de graphiste, et peut-être que j’y planterai la totalité de mes activités.<br />
En attendant, le retour à Blogger présente quelques avantages. L’hébergement sécurisé, par exemple, va me permettre de mettre en vente directement ici des gabarits de romans, de recueils et de couvertures de livres.<br />
Je n’ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à mon blogue ces dernières années, essentiellement parce que j’avais mieux à faire, comme écrire un roman et garder ma marmaille en vie, souvent malgré elle. Et comme je ne compte pas cesser d’écrire ou vendre mes enfants, les articles vont continuer à être rares. Wordpress était sans doute trop difficile à maintenir pour justifier l’effort. En un sens, c’est un mal pour un bien.Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-33506047440613878822012-02-26T12:35:00.000-05:002012-02-26T12:35:04.992-05:00Édition vs autoédition: une courte réflexion<table cellpadding="2"><td style="border-bottom: 0px solid #fff;"> <a href="http://500px.com/photo/334628"> <img src="http://pcdn.500px.net/334628/8b881613c3abf48b622ac68984c5ce2a08a7e147/3.jpg" width="280" height="280" alt="Writer's desk by Anton Treskunov (snusnumrick) on 500px.com" border="0" style="margin: 0 0 5px 0;"> </a> <br/> <font style="font-size: 80%;"> <a href="http://500px.com/photo/334628">Writer's desk</a> by <a href="http://500px.com/snusnumrick">Anton Treskunov</a></font></table><p>Bon, le bateau est lancé et démarre (très) lentement.</p><p>Pour ceux qui n’auraient pas suivit, j’ai démarré (d’abord dans un infâme but d’autoédition) ma propre <a href="http://www.cheminsobscurs.com">maison d’édition consacrée au fantastique</a>. </p><p>Il y aurait beaucoup à dire sur le démarrage d’une maison, accompagné du codage (assez laborieux, si l’ont veux faire les choses correctement) d’un livre numérique. Comme il y a beaucoup à faire aussi, je vais me contenter de quelques commentaires à propos de trucs qui me font un peu dresser les poils.</p><h2>Vraie et fausse édition</h2><p>Alors, les Chemins Obscurs, une vraie maison d’édition? Si. Il suffit de le dire et de le faire pour l’être (et ce n’est pas si facile). Si vous avez une boutique mobile qui vend des biscuits, vous êtes un vendeur de biscuits. Vous écrivez des histoires, vous êtes un écrivain. Vous éditez des livres, vous êtes un éditeur. Bon ou mauvais? Nous en reparlerons, parce que ça n’a aucun rôle à jouer ici.</p><p>Il y a beaucoup de tirage de poils à propos de ce que serait un «vrai» éditeur. De ce qu’il doit être, de ce qu’il doit savoir et de ce qu’il doit faire. Reste un fait indéniable: personne ne peut devenir éditeur sans devenir éditeur. On n’apprend pas ce métier sans se mettre les mains dans le cambouis. Il faut y aller, faire de son mieux, apprendre (de ses erreurs, la plupart du temps). Il n’y a pas d’autre manière. Pas de science infuse, pas d’épiphanie.</p><p>Je ne cherche pas à devenir millionnaire (mais j’aimerais bien). Je le fais d’abord parce que j’en ai marre de regarder passer la révolution de l’arrière banc, parce que je veux essayer et parce que je ne peux pas perdre. Dans le pire cas, avec pas un livre vendu, j’aurai appris. J’en ai déjà appris des masses, développé des compétences, noué des contacts, et ça continue.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-43947298325895511172012-02-18T15:35:00.002-05:002012-02-18T15:35:55.254-05:00Lancement des Éditions les Chemins Obscurs<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBC5_WbkP7TeCI6OGj9lpy602rUsSBS2aAxR2Y2TXWk274B6gc7VuruDmJ-eLeKGzhwtzoL5JJh7ZWQgHaOkD7POlYkUc3V1KRu7H_x9l0Y9k2eWLPefvCX9QkNTAKGSZF_JeD/s1600/horloge-vivante.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="262" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBC5_WbkP7TeCI6OGj9lpy602rUsSBS2aAxR2Y2TXWk274B6gc7VuruDmJ-eLeKGzhwtzoL5JJh7ZWQgHaOkD7POlYkUc3V1KRu7H_x9l0Y9k2eWLPefvCX9QkNTAKGSZF_JeD/s400/horloge-vivante.jpg" /></a></div><br />
<br />
<p>Il y a déjà un moment, j’ai parlé sur ce blogue de mon intention de tenter l’autoédition. Et bien c’est maintenant chose faite!</p><h2>La forme courte</h2><p>Le premier livre que je publie est donc <a href="http://www.indiegogo.com/LHorloge-vivante-nouvelle-fantastique?a=417295"><i>l’Horloge vivante</i></a>, une assez longue nouvelle déjà publiée dans Solaris. De cette manière, je peux profiter de la rigoureuse direction littéraire d’Elisabeth Vonarburg et de l’attentive révision littéraire de la revue Solaris, qui n’a plus rien à prouver à personne. En guise de cadeau, j’ajoute la fin alternative initialement refusée par Solaris, à la manière d’un supplément DVD. Ceux qui déjà lu l’histoire pourront lire cette version à part et se faire leur propre idée.</p><p>La forme courte semble avoir remporté un certain succès dans le monde anglo-saxon, aussi je tente l’expérience moi-même. Le livre sera vendu sous forme numérique à un dollar en prévente sur le site Indigogo, un site de <i>crowdfunding</i> (je serais reconnaissant pour un terme français approprié).</p><p>En l’état, l’Horloge vivante est une assez longue nouvelle, de quoi occuper un trajet moyen en autobus.</p><h2>La forme papier</h2><p>Je complète en ce moment la mise en page d’une version papier, qui sera disponible en impression sur demande en même temps que la version numérique, à la mi-avril. Je dois en demander 10 $ et il comptera, avec le supplément, une cinquantaine de pages. Une nouvelle seule est assez difficile à vendre sous forme papier parce que le texte est court et que les coûts initiaux sont presque les même que pour un livre plus long, mais je sais que c’est la seule manière pour plusieurs de lire un livre.</p><h2>Formats et DRM?</h2><p>Le fichier numérique envoyé comptera une version epub, mobi et pdf, ce qui permettra de le lire avec toutes les liseuses du commerce, y compris le Kindle, le Kobo et les liseuses Sony. Vous pouvez également lire les epub à l’aide de la plupart des tablettes (je révise le livre à l’aide de mon iPad) ainsi que des iPod Touch et des téléphones intelligents.</p><h2>Pourquoi <a href="http://www.indiegogo.com/LHorloge-vivante-nouvelle-fantastique?a=417295">Indigogo</a>?</h2><p>Le <i>crowdfunding</i> permet aux amateurs de financer un projet auxquels ils croient en donnant ou en achetant d’avance un produit. Ce modèle fait actuellement fureur, et je crois que c’est l’une des plus belles choses qu’ait apporté Internet.</p><p>Cependant, il ne s’agit pas d’un véritable projet de <i>crowdfunding</i>, puisque le livre paraîtra le 19 avril, que l’objectif fixé de 500 $ soit atteint ou non (à vrai dire, je serais extrêmement surpris qu’il soit atteint — cela me placerait d’emblée <i>bestseller</i> numérique). Le livre est déjà en phase de révision, je travaille seulement sur quelques bonus dont je ne vous parlerai pas toute suite — et la révision, parce que certains outils ont une mauvaise manie de jouer avec le code (grr!). Indigogo me laisse cependant une bien meilleure marge que n’importe quelle boutique en ligne. Après le lancement, le livre pourra être acheté normalement chez Amazon et, je l’espère, beaucoup d’autres boutiques.</p><p>Si vous avez déjà lu mes billets, vous savez tout le bien que je pense des DRM. Il n’y en aura pas. Jamais. Vous achetez le livre, il est à vous.</p><h2>Une maison d’édition?</h2><p>Pour certaines raisons, la manière la plus commode de lancer le livre fut de créer une nouvelle maison d’édition, <a href="http://www.cheminsobscurs.com">les Chemins Obscurs</a>. Oui, c’est une vraie maison d’édition, mais toute petite. Oui, il y a d’autres livres de prévus. Au moins un cette année, j’espère deux. Oui, vous pouvez envoyer vos manuscrits, vérifiez sur le site. Ceci dit, ma vie est orientée en fonction de quatre priorités: ma famille, survivre (donc mon travail de jour), écrire et, ensuite seulement, <a href="http://www.cheminsobscurs.com">les Éditions les Chemins Obscurs</a>. Déduisez-en ce que vous voulez.</p><p>À ce stade, les Chemins Obscurs publieront en numérique et en impression sur demande, à travers les canaux de vente habituels sur Internet (lire: Amazon, et peut-être le site des éditions, en temps utiles). C’est une opportunité en or si vous avez des textes déjà parrus mais épuisés. Dans ce cas, j’offrirai des conditions mirobolantes qui chercheront à équilibrer des ventes sans doute modestes au début (mais tout de même mieux que rien).</p><p>En attendant, je compte continuer à soumettre mes textes à d’autres canaux d’édition (lire: revues et maisons d’éditions bien établies).</p><p>Il y aura bientôt un article dédié à cette nouvelle maison. En attendant, je vous suggère de vous inscrire sur le site afin de recevoir les nouvelles. Je ne vous inonderai pas, c’est promis!</p><h2>Pour la communauté</h2><p>De petits pas-à-pas sont déjà en production pour décrire la mise en page de la version papier ainsi que la merveilleuse couverture que vous pouvez voir plus haut. Ils seront ;ubliés ici même, j’espère bientôt.</p><p>N’hésitez pas à propager la bonne nouvelle sur les réseaux sociaux.<i> <a href="http://www.indiegogo.com/LHorloge-vivante-nouvelle-fantastique?a=417295">L’Horloge vivante</a></i>, c’est une bonne nouvelle ;)</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-10160139669728499772012-02-03T12:39:00.000-05:002012-12-16T13:52:04.781-05:00Comment mettre un cœur en flamme: tutoriel photoshop<p>Il semble bien que plusieurs s’intéressent à mes petits <a href="http://les-chemins-obscurs.blogspot.com/2011/09/cur-de-flammes.html">cœurs de feu</a>, alors qu’approche la St-Valentin. Des cœurs de feu comme celui-ci, utilisé pour la couverture de notre répertoire.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsWQVAqKdc1Mt3caIO8iYlzXjSMtwoSo7fXrddYbp4ikywn2lpXOqeMtPNdfJm1jN0XnNj1FjZgFb4hq1vL_mwtYr5rs72uCxh6M4_4LkybCXDutJ9KNaN7ABjE1qskWr30LLT/s1600/coeur-de-feu-hoya.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="366" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsWQVAqKdc1Mt3caIO8iYlzXjSMtwoSo7fXrddYbp4ikywn2lpXOqeMtPNdfJm1jN0XnNj1FjZgFb4hq1vL_mwtYr5rs72uCxh6M4_4LkybCXDutJ9KNaN7ABjE1qskWr30LLT/s400/coeur-de-feu-hoya.jpg" /></a></div><p><a href="http://philippe-roy.cheminsobscurs.com/176/comment-mettre-un-coeur-en-flamme-tutoriel-photoshop/">Voici donc un petit tutoriel sur la manière de réaliser un tel cœur dans Photoshop.</a></p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-37114900413122515702012-01-21T14:27:00.001-05:002012-01-21T14:28:58.234-05:00Une autre révolution<p>Le monde de moins en moins petit de l’autoédition a connu sa petite révolution cette semaine, avec une annonce proprement révolutionnaire d’Apple, soit la sortie conjointe d’iBook 2 et de IBook Author, qui permettront aux étudiants d’acheter leurs manuels sur la boutique d’Apple pour une fraction du prix actuel et aux éditeurs d’avoir accès à un outil puissant et gratuit pour monter ces manuels.</p><p>Le sang de plusieurs auteurs n’a fait qu’un tour. Un outil gratuit pour monter des livres numériques? Sans code, avec du contenu riche? Un nouvel Eldorado s’ouvrait.</p><h2>Les bémols</h2><p>iBook Author permet de publier sur la boutique d’Apple d’Apple d’un seul clic. Si vous désirez demander rétribution, une clause vous oblige à ne diffuser ce fichier que sur cette boutique. Le contenu lui-même reste votre propriété et le fichier, à l’instar des livres d’Amazon, ne peut-être lu que sur iPad. Pas l’ombre d’un scandale ici.</p><p>Reste que iBook Author ne permet pas de créer un ePub basique (de un) et je ne suis pas certain qu’Apple a l’intention de laisser les écrivaillons de tout poil publier sans sourciller dans sa boutique. Pour plusieurs raisons.</p><p>Premièrement, Apple n’a pas soufflé un mot sur un autre usage que celui des manuels scolaires. Avant de crier au miracle, j’attendrai donc qu’un écrivain témoigne avoir envoyé un roman et en avoir vendu.</p><p>Deuxièmement, il y a la question épineuse du droit d’auteur. Cette question s’est posée sur Amazon, où des individus sans scrupule se sont emparés des livres d’autres personnes et les ont publiés après avoir collé leur pseudonyme sur la couverture. Amazon, fort de sa domination écrasante dans le domaine, réagit peu ou pas, selon le cas. Apple, qui a une tradition assez lourde de contrôle et une image à protéger, pourrait adopter une autre solution, comme le contrôle systématique des entrées. Ça leur ressemblerait.</p><p>Enfin, et ceci concerne surtout les francophones, la boutique d’Apple ne vaut pas un clou concernant les livres en français. Il suffirait pourtant permettre un classement par langue.</p><p>Avec l’explosion des ventes de tablettes, de liseuses et surtout de téléphones «intelligents», il y a maintenant une masse critique importante de francophones capables de consommer des livres numériques. Ce qui manque désormais, c’est une offre pensée pour les consommateurs francophones. En l’absence de cette offre, le marché ne décolle pas. En l’absence de marché, l’offre ne vient pas. C’est le cercle vicieux. <br />
<h2>Et l’espoir</h2><p>Les réactions à l’annonce d’Apple démontrent qu’il y a un appétit pour une solution simple de publication numérique. Si l’outil d’Apple ne devait pas offrir de débouchés, il est possible cependant qu’un autre dévelopeur entende cet appel. En attendant, j’attends les premières nouvelles d’une utilisation littéraire de iBook Author. Les doigts croisés.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-4001267437400155862012-01-21T00:04:00.000-05:002012-01-21T13:28:17.965-05:00L’autoédition et le trait de désunion<p>Je viens d’acheter mon premier livre numérique. Bien sûr, j’en avais lu plusieurs — je lis presque exclusivement ainsi, à présent. Et comme je compte bien tenter ma petite expérience en autoédition (je vous en parlerai bientôt), j’ai tenté le coup avec «L’Incroyable Guide de l’Auto-Publication en Numérique» par un certain Jiminy Panoz.</p><p>Ne vous dérangez pas. À part un seul conseil, tout le contenu peut aisément être déniché ici et là avec une heure de recherche sur le web (je le sais, je l’ai fait). Bien sûr, le livre contient quelques conseils judicieux, comme de ne pas négliger la présentation de son livre et de soigner son français. Hélas, Panoz ne prêche pas par l’exemple. Entre les points de ponctuation seuls au début d’une ligne et les césures à des endroits fantaisistes, il y a des erreurs de présentation sur chaque page. Sans parler du français approximatif et de quelques fautes ici et là. J’aurais dû m’en douter, ceci dit: il a écrit «auto-publication». Avec un trait d’union. Juste sur la couverture. Parfois, il écrit «auto publication» en deux mots. Je crois que ça parle de l’édition dans son auto, une pratique qui semble bien dangereuse.</p><h2>Le trait de désunion</h2><p>On écrit bien sûr «autoédition» en un seul mot. Je le sais, j’ai cherché dans le dictionnaire. Il y en a de très bon, comme <a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/auto%C3%A9dition">ici</a>, <a href="http://www.le-dictionnaire.com/definition.php?mot=auto%E9dition">là</a>, ou <a href="http://www.larousse.com/en/dictionaries/french/auto%C3%A9dition">le Larousse de ce côté</a>.</p><p>D’ailleurs, le dictionnaire, ça va un moment. Le simple bon sens marche aussi. «Auto» est un préfixe. Quand on forme un nouveau mot à partir d’un autre en lui ajoutant un préfixe, on n’ajoute pas de trait d’union. Écrit-on «auto-mobile»? «Auto-matique»? «Auto-crate»? Le trait d’union sert dans les mots composés, comme «auto-tamponneuse».</p><p>Et le type qui étale tout un livre là dessus se dit écrivain. Les mots sont sa matière première. Normalement, il devrait les aimer... Ici, parle-t-on de maltraitance ou de simple négligence? Peu importe.On a affaire à quelqu’un qui se fiche de la langue, au point de ne pas savoir ce qui compose le mot. Il se croit au-dessus de ça, peut-être. Il n’est pas le seul. Le trait d’union est une épidémie, une pandémie, le blason de tout ceux qui se croient aptes à écrire des histoires et qui ne sont pas fichu de composer une phrase.</p><h2>Le prochain que je vous se balader avec son trait d’union...</h2><p>Pas difficile de comprendre pourquoi les auteurs autoédités ne sont pas pris au sérieux. Comment un type peut-il se prétendre écrivain, au point de vouloir conseiller les autres, s’il n’aime pas la langue? C’est sa matière première, son seul lien avec son lecteur, son arme unique. Un cinéaste peut négliger le montage, se passer de bande sonore, voire laisser ses acteurs improviser sans les diriger, ça donnera toujours un film. Un écrivain sans les mots, c’est le silence, la blancheur, le vide.</p><p>Dans certains cas, ça n’est pas plus mal.</p><h3>Mise à jour</h3><p>Si, comme moi, vous n’avez pas la grammaire infuse et que, comme moi, vous aimez apprendre plutôt que vous refermer sur vous-même comme une huître, voici deux sources à ce sujet, qui vont beaucoup plus loin que mon coup de gueule.</p><p>Pour les aspects plus techniques, il y a <a href="http://1livreparmois.blogspot.com/2012/01/auto-edition-ou-autoedition.html?spref=tw">un récent (et court) article sur l’orthographe d’autoédition ici</a>.</p><p><a href="http://www.jepensepublier.com/index.php?option=com_content&view=article&id=270">Un autre article, plus complet, ici.</a></p><p>Et bonne route à tous les magiciens du mot.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-91495874231214898382012-01-15T10:12:00.001-05:002012-01-15T10:12:19.500-05:00Adapter Dracula<p>Je ne le fais pas très souvent, mais je voudrais souligner <a href="http://www.vampires.com/the-problem-with-adapting-dracula/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+vampires%2FRzCa+%28Vampires%29">une publication intéressante sur vampire.com</a>, à propos de la difficulté fondamentale à adapter Dracula à l’écran. Ou, plus précisément, pourquoi les scénaristes furent-ils si prompts à inventer une histoire d’amour entre Dracula et Mina Harker?</p><p>En voici un extrait:</p><blockquote>But why? The reason becomes clearer when you ask--who is the Protagonist? In literary terms this would be THE good guy, the one against whom the Antagonist strives. Or, to put it another way, who is the Hero? Reading the book for the very first time, one can be forgiven for presuming Jonathan Harker to be the hero. We meet him first. He initially meets the villain of the piece. For chapter after chapter after chapter we see the unfolding tale from Harker's point of view. But then he disappears from the narrative for even longer. Doesn't seem like the protagonist at all, especially since upon returning he doesn't take the lead in tracking down the Count. That would appear to be Van Helsing, but he doesn't make an appearance for over a third of the way through the story (in Francis Ford Coppola's film they cheat by making him a narrator as well as hinting at a deeper connection between Dracula and Van Helsing in the prologue--ever notice the actor playing the priest?). In fact, what Stoker did was use an ensemble as the protagonist--and ensemble of six people.</blockquote>Je vous en suggère fortement la lecture.Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-41735072100420251302012-01-12T16:03:00.001-05:002012-01-12T16:10:22.389-05:00Magie, mystère et promesses non tenues<div style="margin: 0 0 10px 0; padding: 0; font-size: 0.8em; line-height: 1.6em;"><a href="http://www.flickr.com/photos/xtream_i/316644980/" title="Magic"><img src="http://farm1.staticflickr.com/121/316644980_12c53718ef.jpg" alt="Magic by Xtream_i" /></a><br />
<span style="margin: 0;"><a href="http://www.flickr.com/photos/xtream_i/316644980/">Magic</a>, a photo by <a href="http://www.flickr.com/photos/xtream_i/">Xtream_i</a> on Flickr.</span></div><p>La littérature fantastique est la littérature de la magie. Par définition, elle est la littérature de l’impossible, du surnaturel, du magique. C’est probablement le plus ancien de tous les genres; il suffit pour cela que l’on accepte l’Épopée de Gilgamesh comme de la littérature fantastique.</p><p>Voilà donc qui est admis: la littérature fantastique admet la magie, des phénomènes qui n’existent pas dans la réalité, au (pour ménager les susceptibles) qui «dépassent les lois de la nature», quoi que cela veuille dire.</p><h2>Il y a magie et magie</h2><p>C’est à l’auteur de décider dans quelle proportion la magie intervient. Certains y vont plein pot: la magie devient si courante qu’elle affecte tout. On voit apparaître des écoles de magie, des magasins d’articles magiques, des élevages d’animaux magiques, etc. C’est la tendance <i>urban fantasy</i>, où le surnaturel devient si commun qu’un type n’a aucune chance de baiser l’héroïne s’il n’est pas au moins loup-garou. À l’autre extrémité, le fantastique peut-être réduit à un seul événement, très circonscrit. C’est le cas par exemple dans les histoires de Clive Barker. Une entité se réveille d’un long sommeil, et rien ne prouve qu’il y en ait d’autres. Un type manipule un cube qui ouvre la porte d’une sorte d’enfer sado-maso (surtout sado); cherchez bien le cube, parce que l’enfer ne s’ouvre pas pour rien. C’est le fantastique littéraire traditionnel.</p><h2>Et puis il y a le mystère</h2><p>Le mystère est aussi présent en littérature fantastique. Parfois essentiel, parfois accessoire, souvent négligé. Le mystère s’use facilement: fantôme, loup-garou, vampire, tout ça est magique, mais rien ne déclenche la surprise, l’émerveillement. Et c’est là que se produit parfois un dérapage dans l’utilisation de la magie.</p><p>Le mystère colle à la magie. Si la magie est expliquée, elle cesse d’être magique, elle entre dans le cadre rassurant de la banalité. La magie est donc toujours mystérieuse, sous peine de mort. Le mystère, par contre, se passe très bien de la magie.</p><h2>Le lever du voile</h2><p>Le mystère est en effet une des armes de prédilection de l’écrivain. Il vous plante une atmosphère du tonnerre, ses promesses tiennent le lecteur en haleine et, pour ne rien gâcher, il évite toutes sortes d’explications embarrassantes. Pour un moment, du moins.</p><p>Parce qu’il y a toujours un moment où le mystère doit être levé. Le plus près possible de la fin. Et là, vous avez intérêt à ne pas décevoir votre lecteur. Le mystère est une promesse.</p><p>Malheureusement, certains auteurs manquent à cette promesse, livrant une finale décevante. «C’était... un dédoublement de personnalité!» «C’était... un super rêve!» «C’était... une hallucination!» Ou une souris.</p><p>D’autres auteurs, peut-être anxieux de livrer la marchandise, donne trop d’explications. Effacent le mystère complètement. C’est compréhensible (nécessaire?) en policier, mais pas en fantastique. En fantastique on ne peut pas tout expliquer. Sinon on tue la magie. Et donc le fantastique. C’était le cas des romans de Ann Radcliffe par exemple, pleins de fantômes, d’apparitions, d’hallucinations et de terreurs, qui finissaient par s’expliquer par un mélange de complots et de coïncidences qui a la fâcheuse tendance de rester pris entre les dents. Surtout quand on les grince.</p><h2>Que reste-t-il de la magie?</h2><p>La tendance est d’expliquer la magie, le plus possible. Parfois ça tend vers la science-fiction. Ainsi, Stephen King abuse des entités extraterrestres, sans toutefois expliquer grand chose, heureusement. Vampires et loups-garous sont de plus en plus le résultat de virus.</p><p>Pourtant, un extraterrestre n’a aucune raison de lire dans les pensées. Rien ne permet de croire que ce soit possible, même en théorie. Même si un virus peut interférer avec le matériel génétique, il est impossible d’induire une mutation chez un être pluricellulaire adulte. Ici, la magie flirte avec la pseudo-science. Qu’a-t-on gagné au passage?</p><p>Parfois, on tomba dans la mécanique de la magie. On explique comment marche tel ou tel truc, généralement dans des scène dialoguées qui font penser au cinéma.</p><blockquote><p><i>«Alors tu es un vampire?</i></p><p><i>— Techniquement, ouais. J’ai une une mutation à cause d’un virus vaguement sexy qui brille au soleil.</i></p><p><i>— Et tu bois du sang humain?</i></p><p><i>— Ben non tu vois, le sang humain donne une teinte rouge aux yeux, à cause des agents de conservation qu’ils n’arrêtent pas de bouffer. Nous, on ne mange que des prédateurs en voie d’extinction, parce qu’on est des gentils vampires, tu vois.</i></p><p><i>— Ça semble dangereux...</i></p><p><i>— T’inquiète, nous les vampires, on est vachement balaises.</i></p><p><i>— Vous pourriez pas boire sur des animaux moins dangereux?</i></p><p><i>— Ben non, parce que l’auteure elle aime pas les animaux qui mangent les petits lapins tout mignons.</i></p><p><i>— Quand même... Un élevage de vaches, peut-être?</i></p><p><i>— Ben, on se fait toujours piquer nos vaches par les loups-garous, parce que les loups-garous et les vampires s’aiment pas, à cause d’un truc. On a eu des chiens, pour surveiller les vaches, mais les loups-garous copulaient avec. Dégueux! C’est leur nature, mais c’est dégueux!</i></p><p><i>— Et vous pouvez le faire aussi?</i></p><p><i>— Copuler avec des chiens?</i></p><p><i>— Copuler tout court, idiot. Comme avec moi, tu pourrais?</i></p><p><i>— Ben non, pas avant le mariage. Je suis né le siècle dernier, quand même. Mes valeurs ont salement de retard.»</i></p></blockquote><p><i>C’est souvent difficile à éviter. Confronté à l’inconnu, il existe un réflexe humain à tenter de l’expliquer, sinon de le circonscrire. Il existe différents moyens de l’écourter au minimum.</i></p><h3>1. Plonger ses personnages dans une telle frénésie qu’il n’a pas le temps de poser des questions</h3><blockquote><p><i>«Putain! Qu’est-ce que c’est que ce truc qui nous poursuit?</i></p><p><i>— Sais pas. pas eu le temps de demander.</i></p><p><i>— Où est Bella?</i></p><p><i>— À plein d’endroits à la fois, je pense.»</i></p><p>2. La créature n’a aucune envie de s’expliquer</p><p><i>«Mais qui es-tu, être mystérieux?</i></p><p><i>— Meumumamémémemamémanmanmemememame!</i></p><p><i>— Pardon?</i></p><p><i>— Veux-tu arrêter de parler pendant que je te mange?</i></p><p><i>— Mais pourquoi me mangez-vous? Ça fait rudement mal!</i></p><p><i>— On mange tous ceux qui posent trop de questions.</i></p><p><i>— Comment?</i></p><p><i>— Monmanmemoumeumimomemomememion!»</i></p></blockquote><p>Si l’histoire n’est pas racontée du point de vue d’une créature, il peut-être très judicieux que la créature en question veuille garder ses secrets.</p><h3>3. Personne ne survivra</h3><p>Dans le cas où le phénomène est menaçant, le but des protagonistes est sans doute d’éliminer la menace. Pour cela, elle doit invariablement comprendre ses faiblesses. C’est la cas classique de l’exposé de Van Helsing. Difficile de faire triompher les bons sans piétiner tout le mystère. Lovecraft conservait le mystère autour de ses grands anciens en tuant systématiquement tout le monde.</p><h3>4. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout!</h3><p>Romero en est à trois films de zombies et on n’a toujours pas la plus petite idée de ce qui les a ramené à la vie. Les films n’en sont pas plus mauvais.</p><p>Une histoire solide dépasse généralement l’opposition binaire bien/mal vivant/mort gentil/méchant blanc/noir. L’intérêt des films de Romero est ailleurs, dans l’étude de mœurs, dans la satire ou dans l’étripage en gros plan (et en plan américain aussi).<span class="Apple-converted-space"> </span></p><h3>5. Est-ce que je le sais, moi?</h3><p>Comme j’ai le malheur de travailler sur un <i>urban fantasy</i> plein à ras-bord de vampires, je suis confronté à ces difficultés tout le temps. Une bonne solution pour moi: les vampires n’ont aucune idée d’où ils viennent, exactement comme les humains. Pour tout expliquer, ils ont inventé une explication religieuse foireuse, comme les humains. Il y a bien eu des chercheurs qui ont tenté de percer leur mystères à un moment donné, mais les vampires les ont bouffés. Quand aux vampires qui expliquent leur nature à leur petite amie mortelle, ils les bouffent aussi, en particulier quand ce sont des minables pas fichus d’avoir une touche (ou de passer leur secondaire) en quatre-vingt-quatorze ans.</p><h3>6. On dilue</h3><p>La tendance est à écrire des séries à rallonge. Autant en profiter pour remettre l’explication du mystère au prochain tome, puis au suivant. En partie du moins.</p><h2>Comment tenir la promesse?</h2><p>On l’a vu, le mystère est une promesse. Bon, alors, comment tient-on cette promesse sans assassiner la magie?</p><p>À moins d’écrire du policier, les lecteurs ne veulent pas toute l’explication.<span class="Apple-converted-space"> </span></p><p>L’histoire est un voyage. Pour arriver à destination, il faut passer par un avion avec sa bouffe minable, son service de chiotte et ses genoux dans le front. Un tour d’autobus bondé et surchauffé avec le voisin qui écoute sa musique trop fort (et qui chante). Il faut être ankylosé, mal nourri, supporter le décalage horaire et payer es yeux de la tête. Les lecteurs veulent une destination qui vaille le désagrément. L’émerveillement, l’étrange, le beau, le fascinant, l’émotion pure, tout cela peut valoir le trajet. Décevez-les, et ils se souviendront du voyage comme d’un enfer. Surprenez-les, et ils se souviendront du trajet comme d’une randonnée pittoresque.</p></p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-24271518266764458252012-01-10T16:18:00.000-05:002012-01-13T18:56:28.275-05:00Publication en magazine littéraire : une résolution facile à tenir<p>Je ne suis pas un «suiveux», comme on dit en bon québécois. Par exemple, je n’ai jamais pensé que les résolutions n’étaient que pour le jour de l’an. Je suis un type pratique: les résolutions se prennent quand c’est utile, et le jour de l’an est essentiellement un bon prétexte pour prendre un coup.</p><p>C’était au mois de mai, je crois, après le dernier congrès Boréal, que j’ai pris la résolution de toujours avoir trois textes soumis auprès de différents comités de lecture. C’est une bonne résolution, et une qui n’est pas particulièrement difficile à tenir.</p><p>Les magazine littéraires, les fanzines, tout ça, ça tient debout à l’huile de coude, ça prend des talents et des bonnes volontés, et surtout du temps. Quand on regarde ça de l’extérieur, que l’on voit toujours les mêmes noms, numéro après numéro, et que l’on constate combien il faut de temps pour que son petit texte à soi soit lu, il y a de quoi se décourager, se dire que ça se règle entre amis, entre planqués, que c’est un système fermé d’écrivaillons qui s’entre-congratulent. Ben c’est pas vrai. Pas totalement.</p><h2>L’enfer d’où je suis issu</h2><p>Je ne me souviens plus bien à qui ou pourquoi, mais j’ai expliqué, dans ce Boréal, pourquoi je n’avais plus tenté de publier en revue pendant près de quinze ans (ce qui est très très vilain). Mes deux derniers textes avant L’Horloge Vivante avaient pris cinq ans avant d’être publiés. C’est long. Dans le cas des Patriotes, Moebius l’avait fait sans même m’envoyer d’accusé réception. Un beau jour, mes parents m’ont appelé pour me dire que j’avais reçu mes exemplaires gratuits, et c’était tout.</p><p>C’est d’ailleurs pour cette raison <b>qu’il ne faut jamais soumettre la même nouvelle à plus d’une revue à la fois</b>: il y a un risque non négligeable que la nouvelle soit publiée à deux endroits à la fois sans même que l’on vous avertisse. Et ça, les différentes publications le prennent très, très mal. Un responsable de XYZ m’avait cité une écrivaine à qui s’était arrivé. La pauvre ne sera plus jamais publiée en revue, et ne saura sans doute jamais pourquoi.</p><h2>Une résolution facile à tenir, vous dis-je</h2><p>Les gens de Solaris se sont étonnés des délais énormes. Je dois dire que, après mon unique expérience avec eux, ils font preuve d’un professionalisme sans commune mesure avec Moebius. J’ai au moins eu droit à la révision littéraire (c’est le cas de le dire) et linguistique (non, une revue ne devrait pas corriger le français à votre place et publier sans vous demander votre avis). Et les réponses arrivent vite. Parfois.</p><p>La dernière a été envoyée en août. Cinq mois donc. L’accusé-réception me promettait une réponse en trois mois. Pas encore de quoi s’arracher les doigts à force de se ronger les ongles, mais cinq mois quand même. Presque la moitié d’une année. Chez Brin d’Éternité, on me promettait <strike>deux</strike> quatre mois. En mai.</p><p>Je n’écris pas pour me plaindre. Ces gens là travaillent dur, ce n’est pas payant (du tout) et il y a une masse de prétentieux comme moi qui pensent que leur prose est digne d’intérêt et à qui il faut donner leur chance. Simplement, si vous êtes un de ces prétentieux, il ne faut pas vous décourager. Quoi qu’ils en disent, c’est long. Et, oui, il y en a pour qui c’est plus rapide — essentiellement ceux qui ont mis l’épaule à la roue et qui ont trimé afin que les gens comme nous puissent attendre leur réponse, plutôt que de ne rien publier du tout.</p><p>Si vous avez une résolution à prendre en attendant, c’est de toujours avoir trois textes (différents) proposés à des magazines littéraires en même temps. Croyez-moi, ce n’est pas si difficile.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-47297046333976293072012-01-10T10:16:00.000-05:002013-01-17T13:25:14.944-05:00Calluna, une fonte texte avec un «twist»<p>J’ai un nouvel amour en matière de fonte texte.</p><p>Ce blogue m’a donné l’occasion de m’intéresser de très près aux <a href="http://philippe-roy.cheminsobscurs.com/100/quelle-fonte-choisir-pour-un-roman/">fontes texte qui peuvent se révéler souhaitables pour un livre de fiction.</a> Cette fois, je vous invite à découvrir une fonte, gratuite pour la graisse de base, avec laquel monter un livre est un vrai plaisir, et j’ai nommé <b>Calluna</b>!</p><p><a href="http://philippe-roy.cheminsobscurs.com/169/calluna-une-font-texte-avec-un-twist/">Suite de l’article <i>Calluna, une fonte texte avec un «twist»</i> sur le blogue de Philippe Roy.</a>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-47859743113972383732011-12-30T12:57:00.002-05:002012-01-18T12:44:02.570-05:00Réviser sur iPad?<p>Au départ, j’avais créé ce blogue afin de tenir au courant de mes progrès littéraires les gens que ça intéressait. J’ai un peu renoncé depuis, puisque les progrès peuvent être lents, et surtout que c’est un travail beaucoup mieux réalisé par les médias sociaux depuis.</p><p>Reste que j’ai terminé la seconde révision de mon mansucrit, celle qui suivait la relecture par mes lecteurs privilégiés. Suite à leurs conseils, j’ai rajouté plusieurs chapitres et considérablement épaissi l’histoire, balançant quelques incohérences au passage. J’ai une vision de plus en plus claire, non seulement de ce livre, mais du cycle en entier. Je suis surtout heureux de constater que mes progrès se font généralement en enlevant des éléments inutiles, souvent en fusionnant différents points de l’intrigue. L’écriture est assez semblable à la sculpture sur un point: l’essentiel est de soustraire à la matière première, rarement d’en ajouter. Et oui, <a href="http://les-chemins-obscurs.blogspot.com/2011/07/le-grand-debrouillage.html">on peut enlever de la matière tout en ajoutant des chapitres</a>.</p><p>Me voici donc à deux pas de soumettre mon manuscrit aux éditeurs. Reste à repasser sur le manuscrit une dernière fois, afin de récupérer ça et là les fautes de français et repérer les passages incohérents ou redondants qui ont pu se glisser à la faveur des ajouts de chapitres.</p><h2>Écran ou papier?</h2><p>L’imprimante laser est un investissement nécessaire pour un écrivain sérieux. Ces appareils sont devenus abordables et réduisent considérablement le coût à la copie, qui devient significatif quand on doit imprimer plusieurs copies d’un livre de quatre cents pages. J’en ai une désormais, mais j’ai aussi un iPad. L’idée folle m’est venue que je pourrais réliser ma relecture à partir d’un pdf que je réviserais sur iPad. Je compte m’acheter un stylet pour des raisons artistiques (le dessin commence à me manquer), aussi je crois bien que ce n’est pas du tout impossible. J’ai déjà repéré deux fautes... en deux pages :[</p><p>Je vous tiendrai a courant.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-18381683189206100062011-12-10T14:02:00.001-05:002011-12-10T14:10:43.403-05:00Midnight syndicate, pour écrire en musique<p>Plusieurs écrivains aiment faire jouer de la musique pendant qu’ils écrivent, et je dois admettre que j’en fais partie. Mieux: pour chaque livre, je crée une liste de lecture avec l’atmosphère apropriée. Je me trompe peut-être, mais je crois que ça fonctionne. En tous cas, ça rend l’écriture plus agréable, et c’est déjà ça.</p><p>À la faveur de l’ITune Store, j’ai redécouvert le groupe <i>Midnight Syndicate</i>, qui se spécialise dans les trames sonores de films qui n’ont jamais été tournés. De l’instrumental lugubre, parfait pour les genres où je me vautre en ce moment.</p><p>Quoi de mieux que d’écouter un peu pour mieux comprendre. Voici une vidéo officielle. Ce n’est pas mon morceau favori, mais ça donne une idée de la bête.</p><iframe width="560" height="315" src="http://www.youtube.com/embed/sJo1qdxt9U8" frameborder="0" allowfullscreen></iframe><br />
<p><a href="http://www.midnightsyndicate.com/">Le site de Midnight Syndicate est ici.</a></p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-5774826860507303582011-12-04T12:32:00.001-05:002011-12-04T12:55:35.955-05:00Des manières de détruire un vampire<a href="http://www.flickr.com/photos/andypaciorek-art/4016906464/" title="vampire hunters de andy paciorek, sur Flickr"><img src="http://farm3.staticflickr.com/2588/4016906464_9f8363a47e.jpg" width="356" height="500" alt="vampire hunters"></a><br />
<p>On l’a vu, il existe peu de points communs à tous les vampires de fiction. Le soleil les dérange de manière très variable, le sang est plus ou moins nécessaire, les vampires peuvent être morts-vivants ou simple infectés, voire fruits d’une mutation ou extraterrestres. Ils peuvent dormir dans un cercueil ou dans un quatre étoiles, être beaux ou monstrueux. Sur tous ces points l’auteur a une liberté totale.</p><p>De mémoire, les vampires de fiction n’ont que deux points communs vraiment universels. J’ai déjà parlé de <a href="http://les-chemins-obscurs.blogspot.com/2011/08/force-et-vitesse-des-vampires-superman.html">leur force et de leur vitesse surhumaines</a>. Reste un autre point: ils sont passablement difficiles à détruire.</p><h2>Mort ou destruction</h2><p>Bien qu’on emploie couramment l’expression «tuer un vampire», il me semble plus précis de parler de «détruire». Premièrement parce que le vampire n’est pas nécessairement vivant (et originellement, il ne l’est pas). Ensuite par que les vampires ont tendance à disparaître quand ils cessent d’exister. Ils vivent vieux, meurent lentement et ne laissent pas de cadavre du tout.</p><p>Buffy, par exemple, a transformé tellement de vampires en cendres qu’il est difficile de comprendre comment Sunnydale n’est pas devenu un désert. Le plus petit contact avec un objet en bois vaguement pointu transforme le vampire en fine poussière. Le cas de Buffy n’est en rien exceptionnel — la pulvérisation est courante, presque universelle. Dans True Blood, on a plutôt opté pour faire exploser les vampires dans une sorte de mélange de sang et de tissus biologiques franchement dégoûtants, pour la plus grande joie des grands et des petits (personnellement, j’adore, ça fais de la très bonne télévision).</p><p>Outre le côté spectaculaire de la chose, l’autodestruction des cadavres est fort pratique pour un auteur. Ça élimine la délicate question des cadavres dont il faut se débarrasser. Un tueur de vampire pourrait se retrouver accusé de meurtre après avoir tué un vampire, si ce n’était de la coopération du cadavre — c’est d’ailleurs ce qui arrive à Van Helsing dans le «Nosferatu, fantôme de la nuit» de Werner Herzog.</p><h2>Des différentes manières de détruire un vampire</h2><h3>Panoplie traditionnelle</h3><p>À l’époque où les vampires sont devenus la mode, les populaces superstitieuses se tournaient encore vers la religion pour résoudre leurs problèmes. Les prêtres étaient heureux de les obliger. Si prier Dieu pour éloigner la peste ou le choléra était rigoureusement inefficace, le culte était d’une redoutable efficacité pour empêcher un mort de revenir hanter les vivants (ce qui est paradoxal pour une religion qui base sa foi sur la résurrection de la chair). On ouvrait alors le cercueil du malheureux accusé de vampirisme et, en présence du prêtre et des officiels, on arrosait d’eau bénite, on profanait le cadavre et on remerciait le ciel.</p><p>Les prêtres n’avaient pas le monopole de la destruction des vampires. Dans les cas du <a href="http://www.shroudeater.com/cafumati.htm">vampire d’Afumati</a>, le corps du vampire fut déterré par le sorcier du village qui l’abandonna simplement dans un champ, afin qu’il soit dévoré par les loups. Le cas du <a href="http://www.shroudeater.com/camarast.htm">vampire Amarasesti</a> est intéressant aussi. La famille d’une morte soupçonnée de vampirisme déterrèrent le corps et le tranchèrent en deux avant de l’enfouir à nouveau. Constatant que les membres de la famille mourraient toujours, ils exhumèrent une nouvelle fois leur parente pour découvrir que les deux moitiés s’étaient ressoudées. Ils prirent alors un luxe de précautions, arrachant le cœur, le coupant en quatre parties, brûlèrent le cœur et le corps séparément puis dispersèrent les cendres du cœur. Méthode semblable dans le cas du <a href="http://www.shroudeater.com/canantis.htm">vampire du château d’Annates</a>, au douzième siècle, où il est spécifié que le corps du vampire ne pouvait brûler tant que le cœur restait en place.</p><p>Les rites utilisent souvent le feu. La crémation semble une manière définitive de venir à bout du vampire.</p><p>Le pieu est surtout une manière de clouer le mort dans son cercueil. Il ne tue pas, en général, mais permet de maintenir le vampire dans son tombeau, là où il devrait rester.</p><h3>La méthode Buffy</h3><p>C’est dans la littérature que le pieu prend du gallon, devenant une manière de détruire le vampire. On spécifie bientôt que le pieu doit être en bois, alors que dans la tradition, on a noté l’usage de pieux de fer ou encore un simple couteau de chasse. Tolsoï dans «La Famille du vourdalak» spécifie même une essence, le bois de peuplier (ce qui n’est pas idéal, puisque le peuplier a un bois relativement mou).</p><p>Buffy était connue pour causer un grand massacre à l’aide de tous les objets en bois qui lui tombaient sous la main. Dans True Blood aussi, le bois est très efficace. Les gentils fanatiques religieux dévoués à la destruction de tous les vampires construisent d’ailleurs des balles en bois pour leurs armes à feu, qui remportent un succès explosif.</p><p>Dans le jeu de rôle «Vampire: the Masquerade», le pieu paralyse simplement le vampire. Le jeu s’inspire d’instance au cinéma où, lorsqu’un pieu est retiré du cœur d’un vampire, celui-ci se réveille illico avec une soif de tous les diables.</p><h3>L’argent ne fais pas le bonheur des vampires</h3><p>L’argent a toujours été associé à la destruction des loups-garous, mais il finit par être associé également au vampires. Blade a ainsi tout un arsenal d’armes plaquées argent, qui réduisent les vampires en cendres au moindre contact. L’argent n’a même pas besoin d’être pur: il arrive que des amalgames d’argent ou encore du nitrate d’argent fonctionne. Est-ce pour cela que les appareils photographiques n’arrivent pas toujours à saisir les vampires?</p><p>L’argent est une sorte de kryptonite pour les vampires de True Blood, conformément aux livres de la série Sookie Stackhouse. Armé de chaînes d’argent, un mortel peut facilement capturer un vampire, généralement pour lui soutirer son sang, drogue très recherchée.</p><p>J’ai toujours eu un grand inconfort avec la faiblesse des vampires devant l’argent. Premièrement parce que je ne l’ai jamais vue dans la panoplie traditionnelle, ensuite parce qu’elle permet d’avoir accès à des armes en métal pour tuer facilement des vampires, ce qui les rend tout de suite beaucoup moins menaçants.</p><h3>Le sang des morts</h3><p>Ann Rice avait mis dans la bouche de son Lestat la recommandation de toujours cesser de boire le sang d’un mortel avant que son cœur ne cesse de battre, sous entendant que cela pourrait se révéler fatal au vampire. Si cette instance ne se produit jamais dans les romans, le sang d’un mort devient le moyen utilisé par Louis pour tenter de détruire Lestat — avec un beau succès initial. À ma connaissance, ce moyen original de tuer les vampires ne trouve d’écho que dans la série <i>Supernatural</i>, où la moindre introduction du sang d’un mort dans l’organisme d’un vampire suffit pour le détruire.</p><h3>Le soleil brille pour tout le monde</h3><p>Si le soleil ne tue pas toujours les vampires (et certainement pas dans la tradition), dans les cas où il le fait, il reste un méthode très efficace. Elle fut utilisée pour la première fois dans le <i>Nosferatu</i> de Murnau et reprise depuis de multiples fois.</p><p>Le soleil est parfois si efficace que la moindre source de rayonnement ultraviolet arrive au même résultat. La lampe uv fonctionne modérément bien dans le premier Blade, mais prend par la suite un efficacité assez difficile à admettre, avec par exemple des grenades uv qui pulvérisent tous les vampires à proximité. Le comble du ridicule appartient en cette matière à la série Underworld et ses balles uv.</p><h3>Le feu, un sujet brûlant</h3><p>Le feu reste la seule manière universelle de détruire un vampire. Edward, dans une série passablement complaisante envers nos amis à longs crocs, affirmait que la seule manière de le détruire serait de le découper en pièces et de le jeter dans une chaudière (un truc toujours sympa à dire à ta copine).</p><h3>Les signes religieux</h3><p>La religion a parfois un effet néfaste sur les vampires, mais elle peut aussi carrément les détruire. L’eau bénite sert de toutes les manières possibles, en bouteille ou en pistolet à eau, en passant par un bassin bénit d’un seul coup pendant que les vampires sont dedans, comme dans la comédie «Les Dents de la nuit»</p><p>Une épée bénie ou portant des reliques peut se révéler une arme redoutable contre les vampires, selon «Vampire: The Dark Ages». Dans «Capitaine Kronos chasseur de vampires», le héros forge une épée à partir d’une croix de fer. Ce film a d’ailleurs une méthode amusante de présenter la destruction des vampires: il en existe plusieurs sortes, avec des vulnérabilités différentes, ce qui pousse les héros à des expérimentations systématiques.</p><h2>Les effets sur une histoire</h2><p>Les manières par lesquelles on peut détruire un vampire ont une influence considérable sur une histoire.</p><p>On peut d’une part observer que lorsque les vampires sont les héros de l’histoire, ils sont remarquablement plus durs à cuire que lorsqu’ils sont les méchants. Essayez les shurikens d’argent sur Lestat, rien que pour voir. Ceci dit, des vampires trop difficiles à détruire peuvent rendre l’histoire passablement ennuyeuse (et je ne donnerai pas d’exemple). Des vampires trop mollassons de leur côté enlèvent tout mérite au héros. Au delà de cela, la vulnérabilité du vampire révèle des choses sur lui-même et parfois sur l’univers où l’histoire se déroule.</p><p>Par exemple, l’efficacité du pieu signifie que le cœur est le centre du pouvoir des vampires. Le soleil peut avoir une signification symbolique, parfois même religieuse — que les vampires de Meyer brillent au soleil n’est peut-être pas seulement de la kétainerie.</p><p>Une partie de la biologie des vampires est aussi révélée par les allergies diverses. Les vampires de type mutant ont tendance à venir avec leurs allergies au soleil, à l’argent, à l’ail ou au soleil. Les allergies sont un grand fourre-tout. On peut alors imaginer des être hybrides, moitié mortels moitié vampire, qui ne seraient pas affublés des mêmes allergies. Les auteurs ne s’en privent pas et, entre Bloodrayne et Blade, les mi-vampires abondent.</p><p>Les signes religieux entraînent tout un autre champ de réflexion, souvent malheureusement bâclé. Ainsi dans la série <i>Buffy the Vampire Slayer</i>, les signes religieux repoussent les vampires et l’eau bénite peut les tuer, mais l’univers est souvent décrit comme païen, avec des pléthores de dieux et d’univers parallèles.</p><h2>Mes choix pour le Cycle des Bergers</h2><p>Dans mon univers, j’ai pour ma part défini trois grands fléaux pour les vampires: le feu, le soleil et l’eau courante. Ce sont trois méthodes universelles, mais il est d’autres, auxquelles les vampires ne sont pas sujets de la même manière. Ainsi, la décapitation pourrait tuer un jeune vampire, alors qu’un ancien aurait le loisir de prendre sa tête et de la ressouder sur son corps. Les trois grands fléaux le sont pour des raisons mystiques. Enfin, si les signe religieux ont un effet sur les vampires, ils parviennent rarement à les détruire.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-1827995966536178002011-12-03T10:23:00.001-05:002011-12-03T13:09:03.257-05:00Lecture numérique : tablette ou liseuse?<p><a href="http://www.flickr.com/photos/igornikolov/5442510501/" title="iPad in train de Igor / A300, sur Flickr"><img src="http://farm6.staticflickr.com/5094/5442510501_3f1a3966fe.jpg" width="500" height="334" alt="iPad in train"></a>Me voilà doublement équipé. Tablette et liseuse. Plus précisément, iPad et Kobo.</p><p>Il n’y a qu’à voir les sujets de recherche rentrer pour comprendre que beaucoup de gens veulent passer au livre numérique et se cherche des informations sur le sujet. Je vais donc communiquer ma petite expérience.</p><p>Presque tous les distributeurs de liseuses (essentiellement des librairies, comme Amazon ou Indigo) ont en parallèle un modèle de tablette et les gens peuvent se demander ce qu’il convient d’acheter. La liseuse est-elle mieux adaptée que la tablette? Est-ce que l’écran rétroéclairé n’est pas fatiguant à la longue?<br />
<h2>L’écran rétroéclairé</h2><p>Les liseuses en effet utilisent un sytème dit de «l’encre électronique». Cela permet de lire le texte sur un écran qui n’est pas rétroéclairé, ce qui est moins fatiguant pour l’œil et se comparerait à l’expérience de la lecture sur papier. Il y a d’autres avantages à ce système. L’autonomie du papier électronique est sans commune mesure avec ce que peut proposer une tablette — même si je suis impressionné par les performances de mon iPad à ce sujet. La lecture en plein soleil est possible, contrairement à l’écran rétroéclairé.</p><p>Ceci dit, l’écran rétroéclairé n’est pas si difficile à lire. J’ai entre autres lu «Le Comte de Monte Cristo» sur un tel écran (et plusieurs autres, mais le comte est une sacré brique). De plus l’écran rétroéclairé est beaucoup (beaucoup) plus rapide que le papier électronique, qui peut prendre deux ou trois secondes pour simplement tourner une page. Mon iPad me permet de feuilleter un livre de manière presque naturelle, mon Kobo non. Enfin, l’écran rétroéclairé permet de naviguer dans une même page, ce qui n’est que très théoriquement possible avec l’encre électronique, beaucoup trop lente.</p><h2>Un argument de poids</h2><p>Mon Kobo ne pèse presque rien, ceci dit. Lire sur un iPad peut devenir fatiguant à la longue.</p><h2>Une question de consommation</h2><p>Ce n’est pas avec son ouverture ou ses pratiques commerciales que Amazon s’est emparé presque exclusivement du marché du livre numérique. Amazon a des politiques commerciales de chiotte. Elle fait la promotion d’un format propriétaire, efface à l’occasion des livres sur la liseuse de ses clients quand elle estime qu’il ne devrait pas les lire et se conduit en voyou avec ses fournisseur et avec le fisc. Mais son interface d’achat de contenu est pratique et simple à utiliser.</p><p>La boutique de mon Kobo n’est pas aussi pratique, d’une part, et d’autre part ne propose à peu près aucun titre en français (Amazon commence à peine). Je dois passer par Calibre pour ajouter des titres à ma liseuse. Ce n’est rien pour moi, mais plusieurs personnes plus technophobes en seraient incapables, j’en suis conscient.</p><p>Mal servi du côté de Kobo, je suis allé faire un tour sur le iBook store de Apple. Il est presque aussi pratique que celui d’Amazon, avec déjà quelques titres en français. L’instalation est rapide, l’utilisation simplissime.</p><p>Je dois admettre que j’ai une grande sympathie pour l’initiative de l’iBook Store d’Apple. D’abord parce qu’il a imposé un standard, le epub, qui a incité le reste de l’inductrie à s’unir. Ne reste que Amazon qui, avec son format propriétaire, veut se la jouer Microsoft.</p><h2>Un argument de taille</h2><p>Quelques formats différents jouent du coude chez les liseuses, mais le format sept pouces devient tranquillement un standard. J’avais peur que ce soit trop petit mais, à l’expérience, c’est suffisant, quoi que la longueur réduite de ligne impose des crevasses et des lézardes au texte qui ne peuvent que nuire à la lecture. Le texte électronique est affreux et son contraste n’est pas encore équivalent à celui du papier. Le format sept pouces est aussi répandu chez les fabricants de tablettes, Kindle Fire en tête, qui se détaillent aujourd’hui autours de deux cents dollars, donc beaucoup moins cher que mon précieux iPad.</p><p>Le format sept pouce permet d’obtenir une liseuse légère, peu encombrante, qui se traîne dans une pouce et se lit d’une seule main. Le iPad et son grand écran permet en revanche une utilisation proche d’un ordinateur (je m’en sers désormais pour écrire) et surtout de consulter les grands pdf et les bandes dessinées. Pour la lecture en transport en commun, je dois admettre que je n’ai pas encore osé transporter le iPad, et je ne le ferai peut-être jamais. En revanche, je m’en sert beaucoup à la maison, pour les manuels de référence en pdf que je ne pourrais pas consulter avec une tablette plus petite.</p><h2>Une question de besoins</h2><p>Il me semble évident que pour la lecture de texte, la liseuse à encre électronique est le meilleur choix, malgré son faible contraste et sa lenteur. Son faible poids, son confort de lecture, son énorme autonomie et son encombrement réduit et font le choix évident à un prix généralement inférieur à celui des tablettes d’entrée de gamme. Ceci dit, quelqu’un qui a des besoin de consommation média plus larges et qui voudrait une tablette pour consommer musique, vidéos, jeux ou tout simplement travailler ne devrait pas hésiter à tenter la lecture sur écran rétroéclairé, histoire de voir si elle lui convient.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-61279610455265752392011-11-30T18:17:00.001-05:002011-11-30T18:39:03.866-05:00Des promesses! Des promesses!<p>Malgré mon absence relative sur ce blogue pour cause de papalité, les visites ont atteint un niveau record, dépassant le millier pour la première fois. Le taux de rebond a baissé et le temps moyen passé à la lecture des billets a augmenté de manière significative.</p><h2>La faute aux vampires</h2><p>Si la majeure partie des visites demeurent concentrées sur les pages concernant <a href="http://les-chemins-obscurs.blogspot.com/2011/02/mise-en-page-et-typographie-dun-livre.html">la mise en page de romans et d’autres livres de fiction</a>, <a href="http://les-chemins-obscurs.blogspot.com/p/vampires.html">les billets consacrés aux vampires</a> ont connu l’essentiel de la hausse, et j’en suis très heureux.</p><p>Je vais être très franc: si j’ai partagé mes réflexions sur le mythe du vampire ces derniers mois, c’est pour de basses considérations de SEO (<i>search engine optimization</i>). Lorsque mes articles sur la mise en page m’ont apporté un nombre significatif de visites, je me suis apperçu que mes statistiques me révélaient quels étaient les mots les plus employés dans les recherches. Comme je termine tranquilement un roman qui raconte une sordide histoire de vampires, je me suis dit que cette information vaudrait de l’or, le moment de la publication venu. Et ça marche plutôt bien.</p><h2>Et la mise en page?</h2><p>Même si j’ai <i>a priori</i> moins d’intérêt à aider les metteurs en page en herbe, je prépare actuellement la suite logique à ma série de billets, c’est à dire un véritable tutoriel sur la mise en page d’un roman, de A à Z. C’est commencé mais c’est long, très long. Je vais sans doute le publier en plusieurs parties.</p><h2>Et un nouveau blogue</h2><p>Je me retiens continuellement de publier mes opinions politiques ici, parce que je veux que Les Chemins obscurs demeure un blogue littéraire. Parfois ça déborde, mais j’essaie toujours de garder un lien avec la littérature. Pourtant, le blogue est une manière devenue importante de participer à la vie politique et je ne veux plus m’en priver. Je vais donc mettre sur pieds un autre blogue très bientôt, exclusivement consacré à ce qui me peine, me révolte et me donne des raisons d’espérer. Ça se fera dans les prochains jours.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-62150556266809991742011-11-26T16:32:00.000-05:002011-11-26T12:07:10.952-05:00Vampire, jeunes et vieux<p><a href="http://www.flickr.com/photos/_solace/4490448393/" title="The Vampire de _moutusii, sur Flickr"><img src="http://farm5.staticflickr.com/4022/4490448393_3d66caebfd.jpg" width="385" height="500" alt="The Vampire"></a><br />
En principes, le vampire échappe au temps. Étant mort-vivant, il ne peut plus vraiment vieillir. Cette imortalité est un des éléments qui composent leur aspect séduisant, et qui garantissent leur popularité depuis plus de deux cents ans.</p><p>Malgré tout, le temps reste une force avec laquelle il faut composer. C’est même une pierre d’achopement pour plusieurs auteurs, qui présentent des êtres de plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires, avec la psychologie d’un lycéen. L’effet du temps est pourtant un sujet de méditation fascinant, et l’une des plus agréables manières d’approfondir ses personnages tout en leur conférant un petit je ne sais quoi d’étrange qui n’enlève certainement rien à leur charme.</p><h2>Le recrutement des vampires et l’âgisme</h2><p>On s’accorde généralement à dire que le vampire cesse de vieillir à partir du moment où il est mordu. Par exemple, la petite Claudia d’<i>Interview with the Vampire</i> gardera l’apparence d’une enfant, alors même qu’elle gagne l’expérience qui peut faire d’elle une adulte.</p><p>Sachant cela, on peut constater que, la plupart du temps, les vampires sont recrutés dans leur prime jeunesse. La plupart des personnages paraissent la vingtaine, parfois un peu moins (et de plus en plus, avec les vagues de romances pour ado). Personne ne pense donc à recruter des personnes plus âgées, plus matures, plus expérimentées? Jamais? En général, l’apparence de jeunesse semble être le premier critère pour choisir un immortel, voire le seul. Ann Rice l’écrit noir sur blanc: pourquoi offrir l’immortalité à quelqu’un qui n’a pas une apparence parfaite? Moins que la beauté idéale serait une croix bien trop lourde à porter. Notons aussi que les critères de beauté de l’époque ne sont pas appliqués, mais bien ceux du vingtième siècle: minceur parfois extrême, âge juvénile, type caucasien de préférence.</p><p>Cette fixation sur le seul critère esthétique vient avec quelques inconvénients. Malgré une expérience si longue qu’aucun humain ne peut prétendre posséder, les vampires ont des choix remarcablement pourris quant à leur progéniture. Une société vampitrique basée, dans la plupart des cas, sur un épais secret, devrait attacher un prix élevé à la motivation du candidat, sa capacité à rentrer dans le rang et sa discrétion. Lestat est tout le contraire — il est vrai qu’il fut recruté pour son caractère rebelle et n’a reçu aucune éducation comme vampire. Louis, choisi pour des critères esthétiques, est fondamentalement mésadapté, ce qui mène à des carnages, des complications sans nombre et culmine avec une scandaleuse entrevue avec un journaliste. Ce ne sont que des exemples. Bien des histoires de vampires, au cinéma en particulier, portent sur un nouveau venu qui, incapable d’accepter sa nature, entraîne à leur perte ses créateurs.</p><p>Un candidat plus âgé serait-il préférable? Pas toujours, sans doute souvent. Le premier coup de sang de jeunesse passé, la discrétion vient plus naturellement. Un candidat plus âgé est susceptible de n’avoir plus de parents vivants, ce qui donne un coup de main considérable. Surtout, au voisinage de la mort, on devine que la motivation doit croître. Un personnage plus âgé a eu plus de temps pour développer les talents qui seront utiles à son créateur; cet aspect est rarement employé en fiction où, lorsqu’un vampire ne dispose pas d’un talent particulier pour une tâche, il se contente de recruter un mortel par des promesses fumeuses, procédé dangereux au mieux.</p><p>Pour le <i>Cycle des Bergers</i>, j’ai cherché à connaître les critères qui poussèrent les parents de chacun de mes vampires à les admettre au sein du peuple. Je souligne que ces critères ne sont jamais esthétiques. Les mortels ressentent souvent, au contact de vampires, le besoin d’en être, peu importe les sacrifices et les difficultés. Ce sentiment croît sans cesse avec la vieillesse et le voisinage de la mort.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-50183845401219233872011-11-05T12:49:00.000-04:002013-01-17T13:20:44.855-05:00Encore un livre en Times New Roman<p>C’est heureusement rare, mais quelques monteurs utilisent encore du Times New Roman pour la mise en page des livres.</p><p>J’ai déjà expliquée ailleurs les raisons pour lesquelles <a href="http://philippe-roy.cheminsobscurs.com/100/quelle-fonte-choisir-pour-un-roman/">le Times New Roman est un mauvais choix</a>. J’ajouterai que c’est une fonte conçue à la base pour un journal, imprimé sur un papier poreux sur des presses rotatives. Les livres, surtout de nos jours, sont imprimés dans de bien meilleures conditions, et ne nécessitent donc pas un tel contraste entre les pleins et les déliés.</p><p>Il y a des raisons pour choisir le Times New Roman. Certaines sont bonnes, je dois l’admettre, d’autres sont mauvaises. Passons-les en revue.</p><p>Consulter le reste de l’article<a href="http://philippe-roy.cheminsobscurs.com/161/encore-un-livre-en-times-new-roman/"> <i>Encore un livre en Times New Roman</i> sur le blogue de <b>Philippe Roy</b>.</a>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-57574617961584953672011-10-29T13:16:00.000-04:002011-10-29T13:16:38.807-04:00Une magnifique conférence de Philippe Stark<p>Philippe Stark est une star internationale du design. Il donne ici une conférence sur son travail, qui concerne tous ceux qui ont une profession qui demande de se servir de son cerveau (écrivains et graphistes compris). Je vous la recommande. </p><br />
<object width="526" height="374">
<param name="movie" value="http://video.ted.com/assets/player/swf/EmbedPlayer.swf"></param><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowScriptAccess" value="always"/><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="bgColor" value="#ffffff"></param><param name="flashvars" value="vu=http://video.ted.com/talk/stream/2007/Blank/PhilipeStarck_2007-320k.mp4&su=http://images.ted.com/images/ted/tedindex/embed-posters/PhilipeStarck-2007.embed_thumbnail.jpg&vw=512&vh=288&ap=0&ti=197&lang=eng&introDuration=15330&adDuration=4000&postAdDuration=830&adKeys=talk=philippe_starck_thinks_deep_on_design;year=2007;theme=evolution_s_genius;theme=tales_of_invention;theme=the_creative_spark;theme=design_like_you_give_a_damn;event=TED2007;tag=Design;tag=humanity;tag=humor;tag=philosophy;tag=storytelling;&preAdTag=tconf.ted/embed;tile=1;sz=512x288;" /><embed src="http://video.ted.com/assets/player/swf/EmbedPlayer.swf" pluginspace="http://www.macromedia.com/go/getflashplayer" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" bgColor="#ffffff" width="526" height="374" allowFullScreen="true" allowScriptAccess="always" flashvars="vu=http://video.ted.com/talk/stream/2007/Blank/PhilipeStarck_2007-320k.mp4&su=http://images.ted.com/images/ted/tedindex/embed-posters/PhilipeStarck-2007.embed_thumbnail.jpg&vw=512&vh=288&ap=0&ti=197&lang=eng&introDuration=15330&adDuration=4000&postAdDuration=830&adKeys=talk=philippe_starck_thinks_deep_on_design;year=2007;theme=evolution_s_genius;theme=tales_of_invention;theme=the_creative_spark;theme=design_like_you_give_a_damn;event=TED2007;tag=Design;tag=humanity;tag=humor;tag=philosophy;tag=storytelling;&preAdTag=tconf.ted/embed;tile=1;sz=512x288;"></embed>
</object><br />
<p>En plus, son anglais est atroce, preuve que tous nos colonisés néocons ne comprennent rien quand ils nous pressent d’abandonner notre langue pour adopter le mythique anglais «sans accent».</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-38813610417403879562011-10-25T17:06:00.001-04:002011-10-25T17:07:36.638-04:00Les Fleurs du Mal — Quand les vampires enfilent leur lingerie<p>Une pub «provocante» pour Agent Provocateur. Avec des vampires en lingerie et du black metal.</p><iframe src="http://player.vimeo.com/video/30800944?title=0&byline=0&portrait=0" width="400" height="225" frameborder="0" webkitAllowFullScreen allowFullScreen></iframe><p><a href="http://vimeo.com/30800944">Agent Provocateur Soiree 2011</a> from <a href="http://vimeo.com/user8966386">Agent Provocateur</a> on <a href="http://vimeo.com">Vimeo</a>.</p><p>Je donne un A pour l’effort.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-3665061923073746012011-10-22T15:27:00.000-04:002011-10-22T19:49:03.856-04:00Que faire ou ne pas s’en faire<p>Les écrivains débutants se cognent souvent le pieds sur celui-là.</p><p>La littérature est malade. Elle étouffe. Elle va bientôt mourir. Il en a toujours été ainsi, d’ailleurs. Les prophètes de malheur finiront bien par avoir raison. Mais sa maladie la plus grave est (sans la moindre contestation possible, sinon je ne vous aime plus) la chasse aux mauvais mots. C’est une chasse injuste qui conduit à des extrémités malheureuses.</p><h2>Faire l’impasse sur le verbe «faire»</h2><p>«Faire» est un verbe imprécis, passe-partout, ce genre de truc qui ne veux rien dire, de généralité insipide. Son suremploi peut révéler un manque cruel de vocabulaire. Dix-huit cas sur vingt (peut-être dix-neuf) il peut être remplacé par un verbe plus précis et généralement plus élégant. Soit. La cause est entendue, le verdict en rendu, le verbe «faire» est coupable. Où est le problème?</p><p>Dans la sentence, je crois bien. Je ne suis pas pour la peine de mort, et c’est encore plus vrai pour les mots.</p><p>Un jour, j’ai eu le rare privilège de recevoir un manuscrit refusé, avec les annotations du comité de lecture. Toutes les apparitions du verbe «faire» étaient soulignées comme autant d’erreurs. Même quand le mot n’apparaissait qu’une fois dans la page. Et même, et c’est plus grave, quand il faisait partie d’une locution. J’ai été un peu intrigué. J’ai ensuite appris que le terme «faire» était mal considéré, pour les raisons données plus haut. Soit. Logique. Sauf dans le cas des locutions. Excusez-moi, mais on ne peut pas rayer du vocabulaire toutes les locutions françaises qui contiennent le verbe «faire». Si?</p><h2>Que faire des locutions?</h2><p>Depuis, j’ai été contaminé par la maladie du «faire». Je me suis joint, à mon corps défendant, à la grande chasse aux sorcières. Je rejette le mot jusque dans mes conversations. Je sursaute quand je l’entends à la télé, comme si c’était un anglicisme («faire du sens» en est un énorme, ceci dit). Il y a un truc qui me fait encore plus tiquer.</p><p>J’ai lu quelques premiers romans. Ils souffrent souvent d’une terrible maladie: l’allergie au «faire», une forme aiguë de paranoïa qui massacre un texte. L’auteur, apprenant qu’il a employé un gros mot comme «faire» s’emploie à le supprimer. Généralement, il le remplace par «effectuer». Le personnage effectue ses courses, effectue un choix, effectue l’amour… C’en est ridicule.</p><p>On n’effectue pas l’amour, ni le ménage, ni des affaires, parfois le tri, mais c’est bizarre. Une locution est une locution, merde! Ce n’est pas imprécis, c’est une manière de communiquer, c’est comme un mot, mais en plusieurs.</p><h2>Parlons-en «d’effectuer»</h2><p>D’ailleurs, en quoi utiliser «effectuer» au lieu de «faire» est-il préférable? C’est tout aussi imprécis, fourre-tout, passe-partout et vague que «faire». Une fois de temps en temps, c’est le mot juste.</p><p>Par exemple, j’ai lu un jour un triste roman de sorcières (que je ne nommerai pas). C’est un cas classique de «excusez-moi, je ne savais pas que “faire” était un gros mot; je vais ef-fec-tuer un chercher-remplacer avec “effectuer” tout de suite».</p><p>Nous voici avec cinq «effectuer» par page. Alors on effectue un choix, on effectue un virage, on effectue la vaisselle…</p><p>Pourquoi ne pas choisir, virer ou laver? L’idée est d’être concis et précis, pas d’effacer les «faire» pour le remplacer par un synonyme avec plus de syllabes.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-17196570496629313142011-10-14T12:29:00.001-04:002011-10-14T12:29:51.225-04:00Comment vous donner des nouvelles<p>Peu de mises à jour, puisque mon nouveau boulot de papa me prends pas mal de temps et, surtout, d’énergie.</p><p>Me voici en effet dans le club pas très sélect des écrivains qui composent avec un travail, une famille et l’écriture. Je suis tout de même parvenu à envoyer un nouveau texte, ou verra ce qui se produira. J’ai un peu l’impression que mes travaux d’écriture stagnent mais j’ai tout de même trois textes devant des comités de lecture, ce qui est à peu près un record personnel.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrg02Iogd-AHNmi8V1aRSRaGIkgg60gogFKwBuY2g05ecRHXOu0J9_N5YUmlwZw-991NLt7I38ICBCqJq3hS7SwVxmlLP8zD-W5gG-wNIWHMVAN-2qu9OFnZtO2_sDtTC-Zh9O/s1600/philippe-anais-roy.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="360" width="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrg02Iogd-AHNmi8V1aRSRaGIkgg60gogFKwBuY2g05ecRHXOu0J9_N5YUmlwZw-991NLt7I38ICBCqJq3hS7SwVxmlLP8zD-W5gG-wNIWHMVAN-2qu9OFnZtO2_sDtTC-Zh9O/s400/philippe-anais-roy.jpg" /></a></div><p>J’ai commencé hier à me remettre aux révisions de mon roman, accomplissant des retouches au style alors que j’ai bien un chapitre ou deux à rajouter. C’est tout de même rassurant de constater que je peux encore travailler le style malgré les interruptions de ma nouvelle (et toute petite) patronne et les nuits en trois ou quatre morceaux. L’automne, heureusement, m’inspire toujours autant.</p><p>Pour continuer dans la tradition un peu négligée, voici un extrait de mes travaux d’hier.<br />
<p><blockquote>Alors cette période ancienne lui revint, qu’il avait presque oubliée, une vie de mercenaire au service d’un pape, puis d’un seigneur, enfin d’un roi, l’époque où il se baignait dans un sang qui n’avait pas encore une odeur délicieuse, où il fouillait les cadavres avant de les abandonner aux corbeaux, afin de prendre un peu d’avance sur une solde qui ne venait pas toujours. Le sang ramollissait la terre sous ses pieds, la transformait en boue que le soleil venait sécher; en pourrissant, elle prenait l’odeur infecte de la mort. L’odeur était revenue, portée par les guerres toujours plus meurtrières auxquelles Jérôme avait échappé, caché dans la Sanctuaire; mais le soleil... Il avait presque oublié le soleil. Étrange que ce soit le rêve d’une poignée d’ombre qui vienne le lui rappeler.</blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihJGkoaeY1YGQWR0oP_kPYcU3JWzntQoAGjzv21WbLDqRDl9o0WiL19nUSW27elnVqzwQ-SiObPTcfwWZNIQ2u1-5l09D6jXxmUyT74sSBbKCBF3EUYs822nvPm3OqPZjkZjEv/s1600/gargouilles-notre-dame.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="360" width="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihJGkoaeY1YGQWR0oP_kPYcU3JWzntQoAGjzv21WbLDqRDl9o0WiL19nUSW27elnVqzwQ-SiObPTcfwWZNIQ2u1-5l09D6jXxmUyT74sSBbKCBF3EUYs822nvPm3OqPZjkZjEv/s400/gargouilles-notre-dame.jpg" /></a></div><p>Le personnage se laisse aller à ses rêveries dans un épisode où il raconte un rêve étrange à ses amies les gargouilles. Je souligne ce point afin d’avoir un prétexte pour glisser ici une petite image des superbres gargouilles de Notre Dame de Paris, prise par moi-même en personne.</p><p>Là dessus, je vous embrasse et retourne changer les couches.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-41749543468899865832011-09-28T20:48:00.000-04:002011-09-28T20:49:18.195-04:00Le livre numérique va décoller l’an prochain<p>L’explosion du livre numérique est déjà bien réelle aux États-Unis, représentant environ 30 % des ventes actuelles de livres. Le chiffre total des vente double chaque année depuis environ trois ans. Et on n’a encore rien vu.</p><p>Cette explosion tarde à se concrétiser dans la francophonie. Les éditeurs y opposent un mélange irritant de résistance et de maladresse. La distribution est bancale, encombrée de DRM et beaucoup trop chère. Mais le livre numérique va exploser quand même.</p><h2>Pourquoi le livre numérique va exploser</h2><p>Le joueur le plus important du domaine du livre numérique est Amazon, avec son Kindle. Il est si dominant qu’il définit à lui seul le marché. Hors, <a href="http://www.macgeneration.com/unes/voir/130262/amazon-presente-sa-tablette-kindle-fire-et-un-kindle-a-79">Amazon a lancé aujourd’hui le Kindle Fire</a>, une tablette qui lui servira à vendre son contenu numérique, y compris les livre, et qui sera vendue au prix très compétitif de 200 $ dès novembre prochain. Le modèle Kindle de base, avec encre électronique, va baisser à 70 $ pour le modèle avec publicité.</p><p>Bref, la tablette dominante du marché vient de connaître, à quelques mois des fêtes, une baisse drastique de prix, qui la ramène bien en-dessous du seuil psychologique des 100 $.</p><p>La conséquence en sera que le nombre de lecteurs dotés d’une liseuse va augmenter drastiquement dans les prochains mois. Avec elle va aussi monter la demande pour du contenu. Amazon a débuté l’implantation de son Kindle store en d’autres langues que l’anglais, donc les choses devraient s’accélérer.</p><h2>Quelle devrait être la réaction des éditeurs?</h2><p>Les éditeurs vont continuer à se battre pour conserver le modèle actuel aussi longtemps que possible. C’est un peu idiot, puisque les ventes de livres numériques sont tout profit pour eux, éliminant entre autres le coûteux problème des invendus.<br />
Mais que devraient-ils faire? J’ai bien quelques idées.</p><h3>Éliminer les intermédiaires</h3><p>Un des obstacles auxquels se buttent les éditeurs est technologique. La conversion de leurs précieux livres papier en epub (compatible avec toute l’industrie sauf Amazon) ou mobi (format propriétaire d’Amazon) n’est pas automatique, et certains intermédiaires proposent d’assurer cette conversion en échange d’un pourcentage scandaleux des ventes, de l’ordre de 40%. Il existe des services de conversion automatiques, proposés entre autres par <a href="http://www.smashwords.com/">Smashword</a> (Amazon offre aussi le sien), mais ils ne seraient pas à la hauteur. </p><p>C’est la raison pour laquelle certains éditeurs ne craignant pas le ridicule s’obstinent à ne proposer que le pdf, format hélas non adapté aux impératifs de la lecture sur papier électronique, c’est à dire souplesse de la mise en page et possibilité de modifier la taille des caractères. Ils prétexteront que la mise en page est un art — ce que je veux bien admettre, mais dans le cas du papier seulement. La vérité est que ce sont les fainéants qui veulent se contenter de balancer sur le web le fichier qu’il ont déjà monté pour l’imprimeur, sans davantage de travail.</p><p>La vraie solution est d’opérer la conversion à la main, pour un taux fixe, et non un pourcentage. N’importe quel intégrateur web peut monter un fichier epub ou mobi en quelques heures. Bien sûr, cela ajoute au coût fixe du livre, mais pour 40% de profit supplémentaire, il me semble que ça en vaut la peine.</p><h3>Ouvrir de nouveaux marchés</h3><p>Si la traduction était autrefois une affaire compliquée, impliquant de se trouver un éditeur ou au moins un distributeur à l’étranger, l’éditeur peut désormais proposer une traduction anglaise directement aux librairies virtuelles comme Amazon ou le iBookstore. Encore là, il y a un coût fixe qui s’ajoute, mais le marché est considérablement mieux développé. Une fois le fichier en ligne, la distribution s’opère sans plus de gestion de la par de l’éditeur, et sans le coûteux pourcentage du distributeur. Cela devient une rente. En y investissant régulièrement par de nouveaux titres année après année, un éditeur s’assure un revenu supplémentaire durable, qui lui permettra de traduire encore d’autre titres. Je ne crois pas que beaucoup d’auteurs diraient non.</p><h3>Attendre et prier</h3><p>Certains éditeurs prédisent des catastrophes qui justifient selon eux leur attentisme. Le papier va disparaître, les librairies vont fermer, la qualité va diminuer jusqu’à transformer toute la littérature en cloaque.<br />
<p>Mais s’ils ont raison, ils devraient d’autant plus travailler à proposer une offre crédible, c’est-à-dire abordable, technologiquement adaptée et sans DRM. Parce que de nouveaux éditeurs apparaissent sans cesse et certains parmi eux ont un réel potentiel et se chargeront d’occuper la nouvelle niche écologique. Et lorsque les librairies auront disparu, comme le clament les Cassandre, où les dinosaures vendront-ils leurs livres?</p><h2>Ce sera le moment</h2><p>L’attentisme peut encore se justifier en raison de la faiblesse relative du marché. Mais cette année, le 26 décembre, des milliers de francophones vont se retrouver avec un nouveau jouet entre les mains et chercheront des livres à acheter. Qui leur vendra? Ceux qui le désireront.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-54951335936344543042011-09-26T19:56:00.000-04:002012-02-05T10:28:58.051-05:00Archétypes, littérature et morts-vivants<p>Selon qu’on aime ou pas, on parle d’archétype ou de cliché. Et qu’on aime ou pas, ils sont utilisés en littérature. Selon qu’on aime ou pas, on dira que c’est parce qu’ils permettent de camper rapidement un personnage, sans verbe perdu, ou qu’ils palient à un manque d’imagination.</p><p>Qu’on le veuille ou non, les archétypes ont certaines qualités. Outre leur familiarité et leur côté rassurant, ils donnent une base solide pour broder. Si Darth Vader correspond parfaitement à l’archétype du vilain méchant-parce-que-c’est-méchant, son masque, sa respiration, sa manie d’étrangler tout le monde à distance pour se calmer les nerfs et son prodigieux pouvoir de trame musicale perso suffisent à créer une image immortelle. Je ne sais pas s’il est possible (ou permis par la loi) de créer une série de fantasy sans orphelin. Les archétypes sont partout. D’ailleurs, ceux qui se vantent de les éviter prouvent plutôt qu’ils ne savent pas les reconnaître dans leur propres écrits.</p><h2>Quand l’archétype devient cliché</h2><p>Certains diront que l’archétype devient cliché quand il est surutilisé. Romero a dirigé un film de zombies marquant, Night of the Living Death, et tous les autres en sont plus ou moins inspirés. Les zombies de Romero sont des archétypes, les autres sont des clichés.</p><p>C’est vrai. L’archétype est, par définition, l’idée originale, parfaite, qui inspire les copies dégradées. C’est selon moi un concept philosophique vaseux, mais ça semble s’appliquer à merveille à ce cas. Cliché, par ailleurs, est un terme d’imprimerie. Il désigne un moulage réalisé à partir des caractères typographiques d’origine, ce qui permettait de réimprimer un livre sans avoir à se taper tout le montage lettre à lettre, qu’on devine long et coûteux. C’est donc une copie conforme, et nécessairement inférieure à l’original.Romero a créé l’image que nous avons des zombies, qui est très différente de l’idée originale d’un corps animé pour exécuter la volonté d’un maître. Il a du coup créé le survival horror et plus ou moins tout le cinéma d’horreur moderne. L’idée fut si forte que personne n’est véritablement arrivée à s’en défaire. Les nouveaux films de zombies, y compris les remakes des films de Romero, tombent dans le cliché. Épidémie mondiale, zombies tués par une balle dans la tête, faim déchirante de chair humaine, caractère extrêmement contagieux: la recette est connue.</p><p>Lord Ruthven, davantage que et bien avant Dracula, fixa l’archétype du vampire aussi dangereux que séduisant. Avant lui, le vampire était un monstre repoussant et peu raffiné. Le Dracula du roman avait toutes les caractéristiques monstrueuses du folklore mais, dès Bela Lugosi, il emprunta les traits raffinés de Lord Ruthven pour ne plus jamais les lâcher. Lestat vient de là, et Edward tente bien que mal d’entrer dans ses souliers. Si on écarte ces exemples illustres, bien des vampires n’étaient que des clichés de Lord Ruthven.</p><p>Donc, faut-il tout arrêter? Après Night of the Living Dead, fallait-il arrêter les films de zombies? Comment alimenter les hordes d’amateurs décervelés dans ce cas? Et après Lord Ruthven, fallait-il arrêter les vampires? Quitte à sacrifier Dracula et mettre Bela au chômage?</p><p>Et puis quoi encore?</p><h2>Les soucis de l’archétypes vampiro-zombiesques</h2><p>Et si le problème était tout simplement un peu de paresse?</p><p>D’après moi, le soucis survient quand on oublie de traiter le monstre comme un personnage, et qu’on l’utilise plutôt comme une sorte d’embuche ou élément du décors. Le zombie cliché n’est pas un personnage, mais une embuche. Le vampire cliché est un instantané collé à la va-vite pour combler une envie de sexe dangereux. Mais Lord Ruthven était lui même inspiré d’un autre archétype. C’est le séducteur dangereux, le Casanova, le Don Juan — ou Lord Byron. Polidori lui a ajouté des crocs, c’était son invention. Pour créer un vampire qui soit un personnage, il suffit peut-être de donner des crocs à un autre archétype. Eric Northman est un barbare du nord avec des crocs, ce qu’aurait pu devenir Conan avec un peu plus de mille ans et un appétit coupable pour le sang de fée.</p><p>Les zombies se vautrent dans le cliché d’autant plus qu’on se demande de prime abord comment en faire des personnages. L’ennui, encore là, est de prendre les zombies de Romero comme archétype. Même dans Night of the Living Dead, et encore plus par la suite, Romero a traité ses zombies comme de véritables personnages, capables de stratégie limitée, de courage, voire d’héroïsme. La série des «Return of the Living Dead» (les trois premiers, en tous cas) poussaient encore plus loin la caractérisation du zombie, offrant ce qui reste la seule alternative au mort-vivant de Romero.</p><p>Il ne peut pas y avoir trop de vampires, de zombies ou de loup-garou, pourvu que l’on se donne la peine de créer de véritables personnages. </p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-11425414827588978812011-09-25T13:40:00.000-04:002011-09-25T13:51:23.930-04:00L’influence du vampire<p<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3__1eQ0CXvtfq1C7DspghdarrEAWbqhhSGobpyyjY_TV_CkFG1cI3vmJRKiU3uRb3_R6rObQ8f0To19t2Zwge3H-LhHCwbUDbWa4580eI5B9ksgbk0vUYw4c1lVZzgeopyChh/s1600/bela-lugosi-hypnotique.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="200" width="158" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3__1eQ0CXvtfq1C7DspghdarrEAWbqhhSGobpyyjY_TV_CkFG1cI3vmJRKiU3uRb3_R6rObQ8f0To19t2Zwge3H-LhHCwbUDbWa4580eI5B9ksgbk0vUYw4c1lVZzgeopyChh/s200/bela-lugosi-hypnotique.jpg" /></a></div>>Depuis la fin du vingtième siècle avec ses Blades et ses Buffy, on a connu une forte poussée de l’apparition du vampire de type «goon», une quantité négligeable dont le pouvoir, essentiellement physique, se situe à mi-chemin entre celui des simples mortels et celui du héros.</p><p>Parallèlement, perdurait le personnage du vampire éclatant, puissant, séduisant et presque invincible incarné par Lestat et banalisé par Edward Cullen. Ce vampire là, aussi jeune et sentimental soit-il, est presque un dieu. S’il a décidé de mettre un mortel sur son menu, il faudra plus qu’une lycéenne pour l’en empêcher.</p><p>La principale différence entre le vampire «goon» et le modèle supérieur? Le goon n’est pas séduisant. Il est même souvent monstrueux.</p><p>Le pouvoir de séduction presque hypnotique du vampire opère pratiquement depuis le tout début. Lord Ruthven était diablement séduisant, et de son pouvoir de séduction venait tout son danger. N’étant pas immédiatement monstrueux, il est à l’abris de la chasse aux sorcière. Sa victime venait à lui de son plein gré, il n’était pas tenu aux conduites inciviles que Dracula devra adopter, avec violation de domicile et kidnaping.</p><p>Clarimonde Concetti, personnage titre de <i>la Morte amoureuse</i> de Théophile Gautier, est aussi séduisante au-delà du concevable, parvenant à insinuer son venin jusque dans le chaste cœur d’un jeune prêtre.</p><p>Au cinéma, le <i>Dracula</i> de Tod Browning est la première apparition, à ma connaissance, du pouvoir hypnotique du vampire. Il reste possible de lui échapper; lorsque Van Helsing y parviendra, Dracula le félicitera : «You have a very strong will!» (prononcer avec un fort accent hongrois). Reste que Van Helsing est une exception. Face au Dracula de Lugosi, un mortel ordinaire est perdu. Le vampire s’approchera de lui et sa victime, horrifiée, se laissera faire sans un geste de défense.</p><h2>Les vampires et le jeu de la séduction</h2><p>Dans le jeu de rôle <i>Vampire: the Masquerade</i>, ces pouvoirs se divisent en deux grandes discipline. L’influence sur les émotions est le domaine de présence, alors que l’influence mentale directe est le doamine de la domination. Avec ces deux disciplines, le jeu parvient à cerner admirablement les instances des pouvoirs d’influence des vampires dans la littérature comme au cinéma.</p><p>Le vampire fraîchement muni de sa présence inspire d’abord l’admiration de ceux qui posent les yeux sur lui. Vient ensuite l’intimidation: en présentant ses crocs et en émettant un feulement caractéristique, le vampire parvient à intimider sa proie ou son adversaire. Si cela fonctionne à merveille avec les <i>scream queens</i>, les spectateurs sont moins effrayés; les vampires de tout acabit ne s’en privent pourtant pas. Ensuite, le vampire peut exercer sa célèbre séduction, tel Lord Ruthven et Clarimonde. Le pouvoir suivant permet d’appeler à lui sa victime, même de très loin, comme on en voit des illustrations magnifiques dans <i>The Hunger</i> ou <i>Night Watch</i>. Le personnage de Alyssa Milano y succombera quelques fois, entre deux scènes de nudité, dans <i>Embrace of the Vampire</i>; ce genre de somnambulisme érotique n’est pas rare au cinéma. Enfin, le vampire peut démontrer une telle majesté que toute personne le voyant doit lui obéir et le traiter avec déférence.</p><p>Domination est la discipline des ordres directs. Un simple mot pour commencer, puis des ordres complexes. C’est le domaine du Dracula de Browning. Le troisième pouvoir, très pratique, permet au vampire d’effacer certains souvenirs de sa victime ou de les retoucher à sa guise; les vampires de <i>True Blood</i> emploient ce pouvoir sans arrêt. À l’étape suivante, le vampire peut, sur une période plus ou moins longue, opérer un conditionnement sur un mortel, le rendant particulièrement réceptif à son influence. C’est le cas classique de Renfield, clerc de notaire soumis à la volonté du comte Dracula, et qui peut même ressentir son influence à distance. Bien entendu, un tel conditionnement est très souvent fatal pour la santé mentale de sa victime. Si ça ne turlupine pas trop la conscience du maître, ça le laisse tout de même avec un serviteur souvent plus nuisible qu’autre chose. Le vampire a enfin la possibilité de posséder un mortel, passe-temps préféré de la reine des damnés de Ann Rice.</p><h2>Séduction vampirique: mode d’emploi</h2><p>À ma connaissance, jamais un auteur n’a tenté d’expliquer le fonctionnement des dangereux pouvoirs de séduction des vampires. Il vont de soi. Ils sont en général instinctifs. Dans <i>True Blood</i>, même la toute jeune Jessica est capable d’utiliser le «glamour» sans le moindre soucis.</p><p>Comme je n’aime pas beaucoup les descriptions froides et les «on va dire que…», je n’ai jamais su me contenter de cet <i>a priori.</i>En travaillant sur mes diverses histoires de vampire, j’ai développé des hypothèses que j’utilise dans mes descriptions, chaque fois qu’un vampire utilise ses pouvoirs sur un humain.</p><h3>La beauté naturelle (ou surnaturelle)</h3><p>L’un des postulats de départ de tout l’univers vampirique de Ann Rice est que tous les vampires sont beaux. Les vampires sont choisis afin de partager la vie éternelle, et il va de soi que seuls les plus beaux spécimens méritent un tel privilège.</p><p>On pourrait être tenté d’objecter qu’il y a des tonnes d’autres critères valables (comme le simple fait d’être assez psychopathe pour accepter de passer l’éternité à bouffer des humains vivants), mais on ajoutera à la défense de Rice que ses vampires sont assez susceptibles au pouvoir de la beauté. Ainsi, Lestat refusera toujours de détruire Armand, malgré les multiples tentatives de ce dernier d’attenter à sa non-vie ou celle de sa progéniture, tout ça parce qu’il est si booo! D’autres auteurs on appuyé à fond sur la beauté naturelle des vampires sans même chercher à l’expliquer, et je ne donnerai pas de nom.</p><p>Quoi qu’il en soit, les mortels que nous sommes sont influencés, jusqu’à un certain degré, par l’apparence physique; c’est un fait indéniable. Un vampire super trop canon part donc avec une certaine longueur d’avance, d’autant qu’il a une éternité pour pratiquer son maintient et sa posture.</p><p>La scène de séduction de <i>La Morte amoureuse</i>, particulièrement saisissante, peut entièrement être mise sur le compte de la beauté écrasante de Clarimonde Concetti.</p><h3>L’aura de l’immortalité</h3><p>En plus d’une hypothétique beauté, le vampire bénéficie aussi de la prestigieuse aura de l’immortalité. Dès qu’un mortel comprend, même subconsciement, ce qu’il a devant lui, on peut facilement lui prêter une sensation de vertige, sinon d’extase, semblable à celle que l’on éprouve devant la voûte céleste, un monument ancien ou la force infinie de la nature. L’immortalité vient certainement avec ses signes. Après quatre ou cinq siècles, un vampire peut certainement sembler étranger. Plus sage peut-être, ou plus étranger aux valeurs et à l’expérience humaine. Peut-être plus animal, plus monstrueux. Un mortel se retrouve alors face à un étranger, d’un type qu’il n’a jamais eu la chance d’appréhender, de voir à la télé ou d’imaginer. On peut imaginer que la puissance des suggestions d’un tel être serait considérable.</p><h3>La fascination prédatrice</h3><p>On a longtemps attribué aux serpents un pouvoir hypnotique sur leurs proies. Ce pouvoir est bien entendu simplement imaginaire, mais il faut admettre que, face à un prédateur, les proies ont souvent le réflexe de figer sur place. Qui n’a pas ressenti la paralysie glaciale de la peur?</p><p>Ce réflexe de paralysie peut très bien s’expliquer par notre évolution. Pour les bipèdes que nous sommes, la fuite est rarement une option devant un prédateur plus rapide. Si un de nos lointains ancêtres était surpris à l’écart de son groupe, la meilleure solution était sans doute de rester immobile et espérer passer inaperçu.</p><p>Notre premier réflexe face à toute agression est le recul. Un individu colérique provoquera presque toujours une réaction de crainte circonspecte, même devant des individus n’ayant en principes rien à craindre. Devant un inconnu défiant, nous détournons le regard, nous baissons les yeux. L’idée de se défendre ou de relever le défi ne vient qu’ensuite.</p><p>Le vampire est le prédateur ultime de l’être humain. Adapté à son milieu de vie, camouflé par la foule, assoiffé de sang. La défense est futile, la fuite impossible. Sa victime ne recevra de son instinct de proie qu’une commande: la plus abjecte soumission, avec l’espérance d’être épargné.</p><h3>Un simple don<h3><p>Les gens ont longtemps cru au «magétisme animal» qui fit la fortune de Mesmer et bien d’autres charlatans. Les références à ce sujet son courantes dans la littérature du 19ième, de Poe à Balzac. Van Helsing y fait référence dans <i>Dracula</i> L’idée qu’une sorte de pouvoir hypnotique arrive à faire entrer un sujet en transe sans son consentement et soumettre sa volonté était encore répandue récemment, malgré les démentis des hypnotiseurs de tout poil. Cette légende a été entretenue par la fiction à cause de la fascination qu’elle inspire et les possibilités qu’elle ouvre. Un peu comme l’idée tenace (et rigoureusement fausse) qui veut que les humains n’utilisent qu’une petite partie de leur cerveau, et qui sert aujourd’hui à vendre très chers des cours parfaitement inutiles. Si l’idée a perdu un peu de son mordant, elle reste utilisée, entre autres par <i>True Blood</i>, qui en explore les derniers retranchements. Jessica utilisera son glamour pour éviter une scène de ménage, Bill pour mettre fin à une liaison légèrement incestueuse avec son arrière-arrière-petite-fille. Dans les <i>teasers</i> précédent la saison trois, Jessica s’en servait pour humilier un pilier de bar dévot et mal poli; Bill, décidément populaire auprès des dames, repoussait une vendeuse un peut trop entreprenante. Utilisé sans modération, il peut se révéler envahissant; on se prend à se demander, devant l’intolérance à laquelle les vampires sont exposés dans la série, pourquoi ils ne convertissent pas leurs ennemis en masse, tant le glamour est puissant et simple à utiliser.</p><h3>La technologie extraterrestre</h3><p>Il n’est pas rare que les vampires se voient attribuer de nos jours des origines extraterrestres. Cela a certainement commencé avec les débuts du cinéma d’exploitation. Ce n’est pas l’explication la plus séduisante ni la plus courante, mais elle continue d’être exploitée de nos jours, tant au cinéma qu’en litérature. Dans ce cas, le pouvoir de domination étrange des vampires peut très bien être expliqué par un quelconque gadget alien, un pouvoir de type «force», un entraînement spécial comme la «voix» dans Dune ou encore une capacité kryptonienne peu connue. Très commode.</p><h2>Dans le Cycle des Bergers</h2><p>Je suis très prudent avec les pouvoirs de séduction et de domination dans mes propres écrits, pour les raisons mentionnées plus haut. Ces pouvoirs sont rares, concentrés chez les vampires très anciens dans certaines lignées seulement et nécessitent un travail considérable pour affecter un mortel à long terme. Je tend à souvent présenter leur effet du point de vue de la victime, expliquant exactement ce qui la fascine ou la pousse à la soumission.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-33433577.post-81076986587295229352011-09-15T18:01:00.000-04:002011-12-28T02:01:02.015-05:00Vampires et autoréférences<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/3/3a/CD70.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="225" width="310" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/3/3a/CD70.jpg" /></a></div><p>Les vampires sont devenus un tel phénomène culturel que personne ne peut plus les ignorer... Pas même les vampires. Leur mythe les poursuit. Tôt ou tard, on les accable de questions. «Êtes-vous des morts-vivants?» «Êtes-vous repoussés par les croix?» «Dormez-vous dans un cercueil?» «Êtes-vous plus sanguin ou psychique?»</p><p>Il est devenu difficile d’écrire une histoire sur les vampires sans traiter du sujet de l’autoréférence. Comment les vampires se sentent par rapport à l’image que la culture (cinéma, télévision, littérature, bande-dessinée, folklore, etc.) véhicule d’eux?</p><h2>Les vampires aussi sont contre les clichés</h2><p>Le vampire est un amoncellement de clichés, qu’on le veuille ou non. Dents pointues, soif de sang, vie nocturne, j’en passe et des meilleures. Deux ou trois suffisent à camper un personnage. Inutile de tout prendre, vaut mieux en laisser.</p><p>Les vampires ont alors la mauvaise tendance à qualifier de ridicule les clichés qui ne les affectent pas, tout en soulignant par des «ça c’est vrai» ceux qui les affectent. Louis nous dira que nous sommes bien naïfs, nous mortels, de croire qu’il serait repoussé par une croix, ou tué par un pieu fiché dans son cœur. «Des conneries» dira-t-il, voulant faire moderne. Mais le reste? Le soleil, les dents, le sang? Tout ça c’est vrai. Donc, pas si mals, les mortels.</p><p><i>Interview with the vampire</i> débute donc sur une mise au point. Elle a le mérite de refléter le point du vue du personnage, celui de son auteure étant plus subtil. Ainsi, dans <i>Queen of the Damned</i>, un autre personnage, amnésique au bout d’une très très longue vie, doit se découvrir, apprendre qui il est et en quoi il diffère des autres. Comprenant qu’il est un vampire, il se conformera machinalement à l’image du vampire classique du moment, plus ou moins celle imposée par Bela Lugosi et Christopher Lee: la cape noire à revers rouge. C’est en présence d’autre vampires qu’il surmontera ses stéréotypes.</p><h2>Vampires et société</h2><p>La question de l’autoréférence dans toute fiction vampirique est donc indisociable du degré d’organisation de la «société des vampires» que l’auteur mets en scène dans son texte. En général, moins elle sera présente, et plus le vampire devra se définir en fonction du regard des mortels.</p><h3>Le vampire solitaire</h3><p>Traditionnellement, le vampire est un monstre isolé. Il pouvait à la limite avoir, comme Dracula, quelques sbires plus ou moins harpiestes. Assez vite, il a appris à vivre en couple. Mais toute idée d’une sorte de gouvernement parallèle des vampires, ou même un simple club social, était exclus.</p><p>Un vampire isolé se retrouve dans un totale relation chasseur-proie, où les rôles d’ailleurs tendent à s’inverser pour un oui ou pour un non. Il doit se rapprocher des mortels pour les chasser, mais il sait parfaitement que, s’il exagère, on viendra le ceuillir dans son repaire lorsqu’il sera vulnérable (ce qui se produisait d’ailleurs invariablement).</p><p>Un vampire dans cette situation a presque toujours le réflexe, et c’est assez curieux, de se mêler à la bonne société, voire la noblesse — peut-être parce qu’elle est moins encline à se balader dans les cryptes avec des torches et des bâtons pointus. Il tentera du mieux qu’il le pourra de cacher ses tares et ses instincts derrière des manières irréprochables, une grande générosité et une respectueuse galanterie. En tout point, <b>il se définira donc comme un citoyen modèle</b>. Mais le vampire solitaire n’est pas un mythomane, et il n’est jamais dupe de sa mise en scène. Dès qu’il a une chance de se livrer à ses instinct bestiaux et à apparaître dans toute sa gloire ténébreuse, il ne s’en prive pas.</p><p>Le problème de l’autoréférence se posait peu à l’époque, mais le vampire était déjà une mode qui faisait littéralement fureur. Féval disait lui-même qu’on ne voyait partout que des vampires et s’en désolait, avant d’en ajouter quelques uns. Dans sa position délicate, le vampire solitaire doit redoubler de prudence. Il doit s’effacer de la société des mortels, mais on ne peux pas vivre très longtemps sans société. Il cherchera un compagnon, mais les histoires d’amour finissent mal (en général). Il lui faut alors composer d’une manière ou d’une autre avec la société des mortels.</p><p>Une de ces manières, assez rare, est de sombrer dans le déni. Les vampires n’existent pas, c’est absurde. Ainsi <i>Martin</i>, dans le film éponyme de George Romero, passe une bonne partie de son temps à expliquer qu’il n’est pas un vampire à son oncle, qui s’apprête à le tuer, et sa cousine, qui entretient quelques doutes. Le reste du temps, il égorge des victimes ou tente d’établir une relation amoureuse avec une mortelle. Rassurez-vous: ça ne resemble pas à Twilight.</p><p>Le vampire solitaire utilise parfois son mythe afin de se nourir. Ainsi, dans le film<i> The Hunger</i>, les vampires vont chasser le gothique dans un spectacle de Bauhaus, utilisant leur image très en vogue pour séduire un couple en mal d’émotions fortes (ils seront servis). C’est une pratique en perte de vitesse; nous ne sommes plus dans les années 80, et Bauhaus ne donne pas de spectacle toutes les semaines (hélas).</p><p>Une autre manière est de tenter d’établir une relation avec les mortels. Dans le trop peu connu film canadien <i>Blood and Donuts</i> (ne vous laissez pas distraire par le titre, c’est une petite merveille), le vampire se crée à la faveur de quelques bonnes actions des amis parmi les désœuvrés et les laissés pour comptes qui gravitent autour d’une beignerie. Mais ce n’est pas nécessairement simple. Il faut commencer par surmonter les préjugés engendrés par le folklore, et vaincre des méchants qui, avides de pouvoir, tentent invariablement de voler l’immortalité des autres. Ce n’est pas si difficile partout cependant. Dans un film dont j’ai oublié le titre, les vampires parviennent à se mêler sans problème au mortels et peuvent même avoir des petites amies qu’ils bassinent sans arrêt à propos de leur malédiction tout en redoublant leur secondaire depuis presque un siècle. La belle vie quoi! Quoi qu’il y a toujours un loup-garou qui fait chier.</p><h3>Le vampire grégaire et son identité</h3><p>Quand l’indice de moumounerie est moins élevé les vampires ont tendance à combler leur besoin de société en se réunissant par petites groupes. Les exemples abondent: en littérature, <i>Lost Souls</i>; en bande dessinée, <i>30 Days of Night</i>; au cinéma, <i>Near Dark</i>, <i>Lost Boys</i> et j’en passe. C’est une solution intermédiaire entre le vampire solitaire et le gouvernement parallèle. <p>Le groupe tend à rester petit. Trop de bouches à nourrir attirent nécessairement l’attention. Le groupe fait rarement preuve de prudence cependant. Presque toujours, les membres s’encouragent les uns les autres à poser des gestes plus extrêmes, le chef étant généralement le plus violent de tous. Ils trouvent des moyens pour dissimuler leurs exactions. Nomades, ils sont plus difficiles à attraper. Ils peuvent capturer leurs proies dans un patelin, les torturer dans un autre et balancer les cadavres à trois ou quatre endroits différents. Avant que les morceaux soient recollés, ils sont déjà loin. Ils cherchent les lieux isolés où ils peuvent se laisser aller à leurs instincts en toute quiétude.</p><p>Les vampires qui se déplacent en troupeaux — pardon, je veux dire «en meutes» — ont assez peu de problèmes avec le mythe du vampire, pourvu qu’il reste un mythe. Dans 30 days of night, le chef de la meute est très clair: on s’est emmerdé durant des siècles pour que les humains croient que nous ne sommes que des histoires, on va pas laisser de témoins maintenant. Ils excellent à ne pas laisser de témoins. Lorsque le groupe capote, c’est parce que le petit nouveau a des gros problèmes d’intégration. D’ailleurs, comme s’ils voulaient se cacher derrière le mythe, ils sont <b>l’antithèse du vampire solitaire et aristocrate</b>. Même très anciens, ils adoptent les codes marginaux du moment, posant en punks, en motards ou autre «bande de jeunes».</p><h3>Les vampires et leur hiérarchie</h3><p>À mesure que le genre la fantasy urbaine gagne en popularité, les vampires se dotent de société complexes, avec un appareil gouvernemental développé, la plupart du temps totalitaire et traditionaliste. Les Volturi de Twilight ou l’Autorité de True Blood en sont des exemples biens connus, mais on voit ces organisations esquissées à gros traits dans des œuvres populaires comme les différents Blade (sans toujours beaucoup de cohérence, pour dire le moins) ou Daybreakers (capitalisme en action).</p><p>On aurait du mal à situer les auto références dans ce type d’histoires, parce que les cas varient beaucoup. Par définition, la fantasy présente un univers alternatif; l’auteur a donc toute latitude pour changer n’importe quel aspect de cet univers, y compris les mythes vampiriques. En fantasy, le vampire n’est plus isolé. Il a fait partie du monde durant des siècles, souvent des millénaires, et a eu l’occasion de l’influencer. Ainsi, dans Buffy, Dracula est un vampire unique, dans les pouvoirs et le comportement sont très proches de sa représentation dans les films. Il est le seul vampire, par exemple, à posséder un pouvoir hypnotique, ou encore à se métamorphoser. Il semble avoir inspiré le personnage de fiction dans un besoin de publicité. Dans l’univers du jeu de rôles <i>Vampire : The Masquerade</i>, Dracula est encore responsable de sa propre légende, répandant de fausses informations et venant mettre des bâtons dans les roues de quiconque voudrait le rechercher. La fantasy urbaine est l’occasion rêvée de jouer l’autoréférence. <p>Dans les aventures merveilleuses de Sookie Stackhouse et leur pendant télévisuel <i>True Blood</i>, les vampires sont directement en relation avec les mythes. Le sang synthétique permettant en théorie à un vampire de survivre sans boire de sang humain, ils tentent de sortir du garde-robe et de se tailler une place. C’est bien sûr assez compliqué. Les humains sont intolérants de nature, et les vampires ne sont pas tous d’accord avec le régime synthétique. D’autant que les vampires mentent allègrement pour améliorer leur image, par exemple en prétendant qu’ils sont vivants et simplement infectés. Les vampires luttent néanmoins contre des mythes tenaces qui leur pourrissent la non-vie. Que le récit se déroule (la plupart du temps) en Louisiane n’est pas un hasard: les références à Ann Rice ne sont pas rares, et il est explicite que les vampires et leurs fans (les «fangbangers») n’y sont pas insensibles.</p><p>Dans <i>Perfect Creature</i>, les vampires (appelés Brothers) contrôlent entièrement leur mythe, élevé à une sorte de religion d’état. Les humains sont tenus dans une terreur constante de la maladie, dont seul le sang des Brothers peut les protéger. Les humains acceptent de bon gré de nourrir les Brothers de leur propre sang, dans une relation où, comme dans la ferme des animaux, certains sont plus égaux que d’autres.</p><p>Dans le très médiocre (pour être gentil) Blade III, Dracula (curieusement un très ancien vampire Mésopotamien, allez y comprendre quelque chose) est très insulté des représentation kitch faites de lui par des goths. Le film est merdique, et je suis très insulté par la représentation qu’il fait des goths.</p><h2>Conclusion de service</h2><p>Le vampire a été étudié par la littérature sous à peu près tous les angles, et celui de le placer face au miroir (ho! ho!) de ses mythes n’est pas vierge (et re-ho! ho!). Il reste intéressant. Et je crois sincèrement que tout auteur voulant se frotter au sujet doit se demander comment son personnage se situe face à son mythe, simplement parce que personne aujourd’hui ne peut ignorer les vampires, les vampires encore moins que les autres.</p>Philippe Royhttp://www.blogger.com/profile/08283338401835849047noreply@blogger.com3