Vampire, jeunes et vieux

The Vampire
En principes, le vampire échappe au temps. Étant mort-vivant, il ne peut plus vraiment vieillir. Cette imortalité est un des éléments qui composent leur aspect séduisant, et qui garantissent leur popularité depuis plus de deux cents ans.

Malgré tout, le temps reste une force avec laquelle il faut composer. C’est même une pierre d’achopement pour plusieurs auteurs, qui présentent des êtres de plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires, avec la psychologie d’un lycéen. L’effet du temps est pourtant un sujet de méditation fascinant, et l’une des plus agréables manières d’approfondir ses personnages tout en leur conférant un petit je ne sais quoi d’étrange qui n’enlève certainement rien à leur charme.

Le recrutement des vampires et l’âgisme

On s’accorde généralement à dire que le vampire cesse de vieillir à partir du moment où il est mordu. Par exemple, la petite Claudia d’Interview with the Vampire gardera l’apparence d’une enfant, alors même qu’elle gagne l’expérience qui peut faire d’elle une adulte.

Sachant cela, on peut constater que, la plupart du temps, les vampires sont recrutés dans leur prime jeunesse. La plupart des personnages paraissent la vingtaine, parfois un peu moins (et de plus en plus, avec les vagues de romances pour ado). Personne ne pense donc à recruter des personnes plus âgées, plus matures, plus expérimentées? Jamais? En général, l’apparence de jeunesse semble être le premier critère pour choisir un immortel, voire le seul. Ann Rice l’écrit noir sur blanc: pourquoi offrir l’immortalité à quelqu’un qui n’a pas une apparence parfaite? Moins que la beauté idéale serait une croix bien trop lourde à porter. Notons aussi que les critères de beauté de l’époque ne sont pas appliqués, mais bien ceux du vingtième siècle: minceur parfois extrême, âge juvénile, type caucasien de préférence.

Cette fixation sur le seul critère esthétique vient avec quelques inconvénients. Malgré une expérience si longue qu’aucun humain ne peut prétendre posséder, les vampires ont des choix remarcablement pourris quant à leur progéniture. Une société vampitrique basée, dans la plupart des cas, sur un épais secret, devrait attacher un prix élevé à la motivation du candidat, sa capacité à rentrer dans le rang et sa discrétion. Lestat est tout le contraire — il est vrai qu’il fut recruté pour son caractère rebelle et n’a reçu aucune éducation comme vampire. Louis, choisi pour des critères esthétiques, est fondamentalement mésadapté, ce qui mène à des carnages, des complications sans nombre et culmine avec une scandaleuse entrevue avec un journaliste. Ce ne sont que des exemples. Bien des histoires de vampires, au cinéma en particulier, portent sur un nouveau venu qui, incapable d’accepter sa nature, entraîne à leur perte ses créateurs.

Un candidat plus âgé serait-il préférable? Pas toujours, sans doute souvent. Le premier coup de sang de jeunesse passé, la discrétion vient plus naturellement. Un candidat plus âgé est susceptible de n’avoir plus de parents vivants, ce qui donne un coup de main considérable. Surtout, au voisinage de la mort, on devine que la motivation doit croître. Un personnage plus âgé a eu plus de temps pour développer les talents qui seront utiles à son créateur; cet aspect est rarement employé en fiction où, lorsqu’un vampire ne dispose pas d’un talent particulier pour une tâche, il se contente de recruter un mortel par des promesses fumeuses, procédé dangereux au mieux.

Pour le Cycle des Bergers, j’ai cherché à connaître les critères qui poussèrent les parents de chacun de mes vampires à les admettre au sein du peuple. Je souligne que ces critères ne sont jamais esthétiques. Les mortels ressentent souvent, au contact de vampires, le besoin d’en être, peu importe les sacrifices et les difficultés. Ce sentiment croît sans cesse avec la vieillesse et le voisinage de la mort.

Commentaires

Anonyme a dit…
J'ai lu un roman récemment où Dracula courait après des vieux universitaires : L'Historienne et Dracula de Elizabeth Kostova paru en 2006.
Philippe Roy a dit…
Merci pour la référence.

Le livre était-il bien? Je crois me souvenir avoir lu une critique assez mauvaise pour celui-ci, mais juste pour lire un truc de vampires qui ne soit pas de las fichue bitlit...

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