Bilan du Congrès Boréal

Nous, les écrivains, aimont bien aligner les mots pour rien. Combien de billets pour un simple congrès? Des masses. Tous pour dire la même chose: combien le congrès était merveilleux, ainsi que tout ce qui vient avec.

Avec raison, sans nul doute, mais à quoi bon l’écrire? Peut-être pour dire à tous ceux qui hésitent, comme j’hésitais jadis, que l’expérience en vaut la peine. Qu’on en sort grandi, rechargé, simplement par le contact de tous ceux qui, comme nous et pour aucune raison valable, veillent tard le soir pour écrire des histoires d’un autre monde.

Voilà pourquoi, avec le plus grand des respects pour ceux et celles qui ont participé à l’organisation de ce congrès fantastique (et sf aussi, un peu), je vais me permettre un billet un peu plus critique. Histoire que ceux qui aspirent à venir mais restent intimidés par ce qui semble une unanimité qui laisse soupçonner la clique, sache plus précisément à quoi s’en tenir.

Laissez-venir à moi les petits enfants

Je n’ai pas des masses de comparaisons, ce n’était que mon deuxième Boréal. La première fois, j’avais, malgré un accueil chaleureux, eu l’impression d’être un extra-terrestre (dans un congrès sf, ça expliquait peut-être l’accueil, d’ailleurs).

Deux personnes se souvenaient de l’horloge vivante. Cinq (six en comptant mon ex, qui fait cependant semblant de ne pas me voir) personnes se rappelaient mon nom. La prochaine fois, il seront peut-être six ou sept.

Mais il y avait des masses de nouveaux, tous bien accueillis, tous enthousiastes. La plupart écrivent du fantastique, voire de l’horreur, certains du fantasy. La sf était un peu le parent pauvre côté relève. Et on sent beaucoup que l’événement s’adresse directement à cette relève, d’ailleurs.

Les tables rondes auxquelles j’ai assisté

Fantômes, vampires, zombies... peut- on échapper aux stéréotypes?

Le sujet m’intéressait au premier chef, puisque je planche sur des histoires de vampires depuis cinq ans. Les trois pannelistes, qui n’écrivaient pas sur le sujet, n’avaient pas grande opinion à formuler, ni grand chose à apprendre.

Il y a indéniablement une grande lassitude devant la mode (que dis-je? le déferlement) vampirique depuis que les rapaces de tous poils se sont jetés dans l’auge de la bitlit. La blague courante est de rebaptiser une certaine séries de livres (puis de films) «toilette». Je l’ai trouvée bien bonne, la première fois.

Cette lassitude me donne à penser que je vais avoir un mal fou à caser mon histoire, même à mille lieux des historiettes où le sang est couleur rose.

L’attrait du noir et de l’insolite

Cette fois, les pannelistes étaient très motivés, mais la discution a rapidement dévié du côté «attrait» pour devenir une discution générale sur le noir et l’insolite. Un bon petit coup de recharge de batterie pour moi, surtout après un coup de déprime vampirique.

L’édition pour les nuls

Aie! Ici, une activité pour les débutants des débutants. Si vous vouliez entendre parler contrat, traduction, droit d’auteur, vous pouviez aussi bien attendre dans le couloir. On y apprenait qu’il valait mieux relire son manuscrit. Veiller à ne présenter que les genres publiés par la maison (allo! c’est pas justement un congrès consacré à ces genres, ici?) Que la plupart des manuscrits sont si mal écrits qu’ils en sont illisibles (voilà qui m’aide beaucoup). Comment écrire une bonne lettre de présentation? Essayez de ne pas faire dix fautes dans le premier paragraphe. Un synopsis, ça aide ou ça nuit? Ça aide à savoir si le texte est d’un genre approprié (voir ma remarque plus haut). Mais il faut veiller à ne pas faire dix fautes dans le premier paragraphe. Ben quin!

Bref, celui-là m’a un peu laissé sur ma faim, malgré la bonne volonté évidente des panélistes. Une occasion rater de laisser voir un peu ce qui se déroule de l’autre côté du miroir aux alouettes.

Quand le fantastique se mêle à l'érotisme

Celui-ci était sympathique, surtout à cause des anectodes d’enfance de Natasha Beaulieu et d’Arianne Gélinas. Frédérick Durant a été l’un des pannélistes les plus solides du congrès avec des références savantes servies sans prétention apparente (ce qui est assez difficile pour être souligné). Sa performance ici était à l’image des autres.

Plume élégante ou fond substantiel?

J’avais quelques appréhensions pour celui-ci, parce que je ne vois pas la plume comme l’ennemie du fond. Heureusement, personne ne le voyait non plus de cette œil. Le bon style est celui qui fait le travail. Il valait la peine d’en parler, le style est trop souvent négligé. Mon pannel préféré (quelqu’un connaît le français pour «pannel»?)

Cadavres instantanés : le jeu

Je suis très fier de dire que j’ai fait gagner mon équipe, en cédant ma place en fusillade à Dave Côté qui a obtenu un vote unanime. Merci qui?

Fantastiques alibis

Un pannel difficile, qui devait composer avec une absence. Encore là, deux auteurs (éloquents, mais tout de même) qui n’avaient justement jamais travaillé dans le domaine navigaient à vue entre les critiques âpres des ratés du genre et les possibilités qu’il pouvait offrir. À quelques reprises durant ce congrès, je crois que des écrivains de bonne volonté ont cherché à dépanner des organisateurs de bonne volonté en participant à des ateliers pour lesquels ils n’avaient ni pré-requis ni goût. C’est peut-être seulement une impression.

Comment j’ai écrit

Il devrait y avoir plus d’activités de ce genre. Trois solides auteurs évoquent leur parcours à travers l’écriture d’un livre. Malheureusemensement, je n’avais lu aucun d’entre eux (je suis fan de fantastique, hélas). Tout de même, l’expérience est enrichissante est mériterait d’être répétée encore et encore (et encore).

Et le reste : lectures publiques et bande annonce

Les lectures publiques constituèrent le meilleur de mes moments à Boréal. Il faut y être. Eric Gauthier en particulier, qui a démontré encore une fois qu’il sait allier une performance intéressante à un récit touchant et une plume évocatrice. Nous avons aussi eu droit à une primeur de Natasha Beaulieu, un dédoublement de personnalité de Jonathan Reynolds et à deux anarchistes pas mal choqués qui expliquaient avec une poésie saisissante (sans blague) pourquoi il convenait de tuer son patron.

Et après le boréal?

Tout le monde s’accorde à dire qu’on en sort avec une énergie nouvelle et des projets plein la tête.

Commentaires

Chouette tout ça!! :-D

Un billet sur le congrès Boréal, pour moi, c'est comme une photo-souvenir, un roman-photo où tu y retrouves tous les bons moments d'un événement qui avait eu lieu dans un temps donné et dont tu as pu bénéficier de ses outils et notions.

La blague de "toilette", elle vient de moi (qui est-ce qui l'a dit, Jonathan ou Patrick?). Il faut la dire comme suite : Twilight, c'est bon a flushé. Contente que ça se promène, parce que c'est pas loin de la vérité.

Je vais t'envoyer un courriel bientôt.

PS. Dis « table-ronde » au lieu de «panel». Ça sonne trop anglais à mon oreille désormais.
Philippe Roy a dit…
C’est pas vraiment des tables-rondes, je trouve :\ Mais c’est encore le meilleur terme que j’ai trouvé.

Pour la «toilette», c’était bien pensé, mais je l’ai vraiment entendue dans tous les sens en fin de semaine ;)

J’attends ton courriel.
Gen a dit…
Deux absences et non une pour le pannel "Fantastiques alibis".

Et moi j'y étais pour l'aspect "Alibis, mais sans fantastique" (que oui, je pratique). J'étais supposée offrir le contre-point des autres...

Qui n'y étaient pas!

François-Bernard a effectivement joué le rôle de l'auteur de bonne volonté qui dépanne.

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