Adieu Guenevièvre

Michel Grandbois va bientôt perdre une amie.

L'idée m'a frappée aujourd'hui. Dans mon roman, Michel a deux amies. Les deux, comme il se doit, sont amoureuses de lui, et espère sans oser l'avouer qu'il les emportera avec lui dans une obscurité fantasmée et la jeunesse éternelle. L'une est appelée à une destinée extraordinaire, l'autre disparaît sans laisser trop de trace dans le tome deux. La récupérer dans le tome trois représente une corvée. Mieux vaut l'effacer. La faire disparaître.

C'est la première fois, je crois, que je vais faire disparaître un personnage, le sublimer. J'hésite devant l'ampleur de la tâche. C'est pourtant un tout petit personnage. Elle n'a pas une réplique à elle. Mais elle est intégrée à un roman et demi, tout de même. Ce n'est pas comme supprimer un chapitre, chose que j'arrive à faire avec un plaisir tapageur. C'est une opération délicate.

Jusqu'à la deuxième partie du deuxième roman, Guenièvre est comme l'ombre d'Hélène. Elles n'apparaissent presque jamais l'une sans l'autre, et c'est l'Inquisition qui va les séparer brutalement. Pourtant, la disparition de ce drame ne fera qu'augmenter l'intensité dramatique de l'histoire, tant il était perdu parmi mille autres drames.

Et son départ, tout à coup, éclaire tout les deux livres, comme si cette pauvre jeune fille était un nuage qui cachait à lui seul le soleil. Sans elle, l'amour d'Hélène paraîtra plus vrai, plus désespéré. Le elcteur s'y attachera davantage, tremblera plus pu tremblera peut-être. Et je ne sais pas pourquoi.

Adieu donc, Guenièvre. C'était la dernière fois que j'écrivais ton nom.

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